En Italie, l’affaire tragique a relancé la polémique sur les carences d’un système de santé appauvri par les coupes budgétaires. « Je suis incrédule. Un nouveau-né ne peut pas mourir par manque de place dans les hôpitaux ! », s’est ému le chef de l’État, Sergio Mattarella.
Une jeune femme enceinte de son premier enfant décide d’accoucher dans la clinique Gibiino, la structure privée mais conventionnée la plus prisée de Catane. La naissance se passe bien mais tout bascule quelques minutes plus tard, la petite fille présentant des difficultés respiratoires. « Elle a probablement avalé du liquide amniotique », déclare un médecin en réclamant une canule. Malheureusement, le stock n’a pas été renouvelé. Les médecins paniquent, demandent à une infirmière d’appeler le numéro vert du service d’aide médicale urgente, l’équivalent italien du Samu. L’opérateur de garde ne comprend pas bien l’urgence de la situation. Il explique aux praticiens de la clinique que les services de réanimation néonatale des trois hôpitaux de la ville, 35 places au total, affichent complets... Il faut transporter l’enfant à Raguse, à 100 kilomètres de Catane, en ambulance. Le trajet dure une heure et demie. La petite Nicole mourra dix minutes avant d’arriver à Raguse malgré les efforts du médecin réanimateur qui l’accompagne.
Les acteurs se renvoient la balle
Tandis que les parents effondrés réclament justice, le conseiller régional à la santé a convoqué les directions sanitaires des trois structures publiques de Catane et les responsables du service d’aide médicale urgente. Le parquet a été saisi du dossier, plusieurs personnes auraient été mises en examen. Mais l’enquête sera difficile, prévient le procureur de Catane, « tous les acteurs de ce terrible drame se relançant la balle ».
De fait, la clinique affirme que cette structure est toujours parfaitement équipée en canules et en sondes. Le service d’aide médicale urgente assène que les médecins de la clinique n’ont pas été clairs au téléphone dans leurs explications. Les hôpitaux enfin jurent que l’opérateur de garde n’a pas expliqué que le nouveau-né présentait tous les signes d’une détresse respiratoire importante. « Je n’aurais jamais laissé mourir un bébé même si tous les berceaux du service de réanimation étaient occupés, nous aurions trouvé une solution comme un berceau thermique, explique Agata Motta, directrice du département de réanimation néonatale de l’hôpital Garibaldi. C’est de la faute de l’opérateur, il n’a pas été clair, il n’a pas su expliquer la situation ».
En attendant les résultats de l’autopsie, la ministre de la Santé, Beatrice Lorenzin, a lancé une enquête et un audit local. Objectif : dresser un constat de la situation dans les établissements de Catane. Pour sa part, le gouverneur de la Sicile refuse d’établir un lien entre les coupes budgétaires et ce drame. « Nous avons réduit la capacité d’accueil dans certaines structures pour l’augmenter dans d’autres. Tous les centres, publics ou privés, doivent avoir un service de réanimation néonatale » a tonné Rosario Crocetta. Un programme ambitieux en période de crise.
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