Le climat s’est encore durci en début de semaine entre le ministère de la Santé et les principaux représentants des cliniques (FHP et FHP-MCO), qui ont appelé à ne plus accueillir d’étudiants infirmiers à compter du 1er mars, en riposte à la baisse des tarifs 2014 (-0,24 % finalement) dans le secteur privé.
À coup de déclarations quotidiennes en forme de « scuds », chaque camp campe sur ses positions alors que, de leur côté, les étudiants infirmiers expriment ce mardi dans la rue leur colère et leur indignation, se jugeant pris en otage par ce conflit tarifaire qui les dépasse. À Paris, Lyon, Marseille, Rennes, Bordeaux, Rouen, Amiens, Lille ou Nancy, des défilés devaient être organisés par les stagiaires infirmiers.
Mauvaise attitude, mensonges et noms d’oiseaux...
Lundi, sur Europe 1, Marisol Touraine s’était pourtant employée à rassurer, affirmant que tous les étudiants avaient pu trouver une solution au sein d’hôpitaux publics, établissements privés à but non lucratif ou centres de lutte contre le cancer. La ministre avait brocardé au passage la « mauvaise attitude » des cliniques, ne cachant pas son extrême agacement. Mais la pression n’est pas retombée, loin s’en faut.
Aussitôt, la FHP-MCO (court séjour) a violemment mis en cause les « contre-vérités » de la ministre de la Santé. Le syndicat n’a pas supporté que Marisol Touraine justifie publiquement les écarts de tarifs entre les cliniques et les hôpitaux par le fait que les établissements rempliraient des missions différentes.
« Cette affirmation constitue une tromperie vis-à-vis de l’opinion publique » a tonné la FHP-MCO. Elle souligne que les tarifs hospitaliers servent à « rétribuer des prestations de soins identiques d’un secteur à l’autre » (2 590 GHS pour autant de prestations) et que les missions d’intérêt général de l’hôpital public, elles, « sont financées par d’autres enveloppes budgétaires ».
Une façon assez inédite de faire la leçon à Marisol Touraine sur le financement de l’hôpital ! « Baisser les tarifs pour des raisons de différence de mission, c’est soit une volonté délibérément politique de nuire au secteur privé, soit une méconnaissance (...) des mécanismes du système de santé », assène Lamine Gharbi, président de la FHP-MCO.
Ce mardi à nouveau, la FHP explique aux étudiants infirmiers que la « clé du conflit est entre les mains du gouvernement », c’est donc... « à lui qu’il faut s’adresser ». « C’est de l’avenir des cliniques et du système de santé dont il est question, de l’emploi, des métiers et carrière des personnels soignants », argumente la fédération.
Caprice
Ce conflit au grand jour entre les cliniques et le gouvernement donne enfin l’occasion au secteur public de se démarquer tout en jetant une pierre dans le jardin du privé.
« Après dix jours de mobilisation des équipes de terrain, la Fédération hospitalière de France est fière d’annoncer que la totalité des 9 397 étudiants infirmiers qui se sont vus privés de stage vont pouvoir être accueillis au sein des établissements du service public hospitalier (...), claironne ce mardi la FHF. Ce nouveau caprice des cliniques commerciales a au moins eu le mérite, pour ceux qui en doutaient encore, de révéler le vrai visage des établissements privés, qui, s’ils ne cessent de parler de missions de service public, sont loin d’en porter et d’en incarner les valeurs. »
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