En grève depuis le 27 avril, les personnels de l'hôpital psychiatrique George-Sand (Cher) ont réuni mardi un comité technique d'établissement pour dénoncer la dégradation de la qualité de la prise en charge des patients et de leurs conditions de travail pour cause de pénurie médicale et de restrictions budgétaires. Ils ont obtenu un rendez-vous vendredi avec l'agence régionale de santé Centre-Val-de-Loire.
Épuisés
Situé dans un département où le manque de médecins touche autant la ville que l'hôpital, l'établissement, né de la fusion des trois sites de Bourges, Chezal-Benoît et Dun-sur-Auron, a perdu près de 30 lits (292 aujourd'hui) et 71 places en accueil familial thérapeutique en dix ans, indique la CGT, à l'origine du mouvement de grève (rejointe depuis par la CFDT et FO). Six des 46 postes de médecins (dont 40 psychiatres) sont vacants. Si l'hôpital ne fait pas appel aux médecins intérimaires, les contrats de praticiens attachés, associés ou contractuels sont fréquents.
« De jeunes médecins qui n'ont pas encore leur diplôme se retrouvent seuls à s'occuper de service difficile, indique la CGT au "Quotidien". En deux ans, on en a vu sept défiler sur un même poste. Les personnels ont effectué 47 000 heures supplémentaires non récupérées. On est épuisés. » Au-delà du problème de pénurie médicale, les syndicats de personnels réclament des moyens supplémentaires pour recruter dans toutes les catégories. Pour soulager en particulier les infirmiers, ils demandent la création d'un pool de remplaçants.
Fragilité de l'organisation médicale
La commission médicale d'établissement soutient le mouvement. « Il ne peut pas en être autrement, l'hôpital est en très grosse difficulté, précise le Dr Christian Guggiari, son président. Nous avons façonné une organisation médicale faute de mieux, en tenant compte de la pénurie médicale, aggravée par les arrêts de travail de confrères en burn-out ou fragilisés par la précarisation de leur statut. »
Contactée, la direction de l'établissement dit « approuver » le mouvement de protestation. « Comme les personnels, nous sommes inquiets pour l'avenir, précise le directeur Jean-Paul Servier. Nous n'avons pas réussi à assurer la relève des départs en retraite des médecins "papy-boomers" car le Cher n'est pas une terre d'élection pour les internes. Nous avons accompagné beaucoup de médecins à diplôme étranger mais très peu sont restés. Il y a aujourd'hui une grosse menace sur l'activité médicale. » Le directeur espère changer la donner à la rentrée universitaire prochaine avec un nouveau contingent d'internes.
En revanche, la direction ne partage pas l'analyse des grévistes sur le manque de personnels non médicaux. Tandis que les syndicats dénoncent de nouvelles fermetures de lits pour parer aux prochaines coupes budgétaires, Jean-Paul Servier assure qu'il n'est « pas prévu de fermer quoi que ce soit ».
Au début du mois, la cour des comptes régionale avait rendu public un rapport d'observation définitif qui met en lumière un absentéisme du personnel non médical supérieur de 10 % à celui des autres centres hospitaliers spécialisés et des difficultés d'organisation à la suite de la fusion des trois sites, malgré une situation financière « globalement satisfaisante ».
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