Alors que Michael Schumacher est toujours hospitalisé en soins intensifs au CHU de Grenoble, 4 jours après son accident de ski, à Méribel, l’hôpital n’a pas communiqué à nouveau sur son état.
Lundi 30 et mardi 31 décembre, les interventions du Pr Jean-François Payen devant les médias avaient été « parfaitement cadrées, en présence du chef d’établissement et certainement en accord avec l’entourage du champion, constate le directeur de l’Espace éthique de l’AP-HP, Emmanuel Hirsch. Le chef de service avait communiqué sur des données purement techniques, qui n’ont pas mis en question le secret médical, ni cédé aux dérives d’héroïsation qui sont toujours à craindre lorsqu’il s’agit d’une personnalité de cette notoriété. »
« Comme nous l’avons dit depuis le début, nous ne prévoyons pas de faire des déclarations juste pour le principe d’en faire », a confirmé ce jeudi 2 janvier l’attachée de presse du coureur automobile, Sabine Kehm, faisant simplement part d’un état « stable », mais toujours critique.
L’équipe « dans sa bulle »
« Dans ce type de cas, alors que les hordes de journalistes sont à l’affût, recommande le Pr Bernard Debré, le mieux pour l’équipe médicale est de se tenir protégée à l’intérieur de sa bulle, et de faire son travail sans se soucier de communiquer avec les médias. C’est à l’administration de mettre en place les dispositifs de sécurité, y compris pour que le chef de service ne risque pas d’être importuné à son domicile par un déséquilibré. Ce n’est que lorsque le patient sera hors de danger et que le cap critique sera franchi qu’une nouvelle communication pourra intervenir, et elle sera étudiée toujours en accord avec la famille. »
« Même sous protection rapprochée, ces situations ne sont pas sans susciter un effet de stress sur les équipes médicales et soignantes, témoigne encore le chef du service d’urologie de Cochin qui, en son temps, avait opéré le président François Mitterrand, le futur président François Hollande, ou, en dernier lieu, confie-t-il au « Quotidien », l’ex-numéro 2 de Corée du Nord. De toute manière, mieux vaut garder le silence plutôt que de déclarer que le patient est suivi "heure par heure", alors qu’en réanimation chacun sait que le suivi s’effectue minute par minute. »
S’accorder avec la famille
En fait, souligne Emmanuel Hirsch, « le principal souci de communication pour les médecins, qu’il s’agisse d’une personnalité hypermédiatisée ou d’un anonyme, concerne la famille du patient, avec laquelle la concertation doit être étroite. Les réanimateurs y sont exercés au quotidien ».
« C’est encore avec la famille que les médecins s’accorderont ultérieurement pour délivrer des informations », ajoute le Pr Debré.
« De tels cas se maîtrisent en lien avec la direction de l’hôpital et l’entourage, confirme le Pr Louis Puybasset, chef du service de réanimation neurologique de la Pitié-Salpétrière, pour nous, ce n’est pas la fin du monde. »
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