Malgré les efforts réalisés pendant la crise épidémique pour pousser les murs et multiplier les lits dans les services, la France est confrontée à une pénurie structurelle de médecins réanimateurs. Dans une enquête* dévoilée le 4 juin, le Conseil national professionnel de médecine intensive réanimation (CNP-MIR) tente de dresser un état des lieux de la démographie médicale dans cette spécialité en dehors du contexte de pandémie de Covid-19. Le résultat est alarmant : plus d'un service sur deux déplorerait au moins un poste de praticien vacant.
Recours au mercenariat
Réalisée auprès de 299 services, « soit 85 % du parc de lits de réanimation en France », l'étude met en lumière un sous-effectif médical chronique. Au total, sur l'ensemble du territoire, le CNP-MIR dénombre 329 équivalents temps plein (ETP) médicaux vacants pour 2 100 ETP pourvus. Cela représente 57 % des services et 76 % des services des centres hospitaliers hors CHU qui déclarent au moins un poste vacant.
Dans certains cas, la pénurie est particulièrement criante. Un quart des services déclarent « plus de 2,5 ETP vacants et/ou plus de 30 % de leur tableau d'emplois médicaux vacants ». En conséquence, le recours à l'intérim médical s'accroit. Selon l'enquête, 36,2 % de l'ensemble des services de réanimation ont eu recours au mercenariat sur l'année, et cela, en dehors de tout contexte épidémique. Ce chiffre atteint 47 % des services des centres hospitaliers hors CHU.
327 départs à la retraite sous cinq ans
En outre, le CNP-MIR note une très nette dégradation de la démographie sur les dix dernières années. Selon une étude de 2012, seuls 163 postes étaient vacants à l'époque. Les perspectives d'évolution de la situation ne sont pas bonnes: après étude de la pyramide des âges dans les services, les enquêteurs estiment que « 327 praticiens seront amenés à prendre leur retraite dans les 5 ans ».
Et la pénurie touche aussi les jeunes. Sur les 90 % des services interrogés qui accueillent des étudiants de troisième cycle, un quart déplore des postes d'interne non pourvus. À ce titre, l'enquête estime « le potentiel supplémentaire de formation d'internes à travers le territoire de 330 terrains de stages supplémentaires chaque semestre ».
Conséquence de cette pénurie : les praticiens en poste sont contraints de travailler davantage, parfois au-delà des normes réglementaires. « Les médecins réanimateurs sont de garde de nuit tous les 5 jours et travaillent un week-end sur deux. Cette implication majeure dans la permanence des soins dépasse nettement les limites fixées par la réglementation », avance l'étude.
* Enquête réalisée de janvier à avril 2021 via un questionnaire électronique adressé à 299 services de réanimation, médicale et polyvalente, situés dans des structures publiques et privées, universitaires et extra-universitaires, ainsi que militaires.
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