Le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) central de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) s’élève avec vigueur contre les fichiers informatiques nominatifs qui ont été découverts récemment au sein des hôpitaux Pompidou et Robert-Debré. « Notre métier est le soin, et pourtant sont mises à jour les pires méthodes de management d’entreprises dont la seule raison d’être est le profit financier », fustige le CHSCT, qui demande que soit mis « un terme immédiat » à ces « pratiques illégales ».
À Robert-Debré, le nom des « leaders négatifs » surligné de jaune
À Robert-Debré, selon « le Canard enchaîné », un fichier non déclaré à la CNIL a atterri par erreur entre les mains de membres du CHSCT local, chargé d’élaborer un plan d’action après le suicide en décembre 2012 d’une auxiliaire de puériculture. Le fichier, daté d’octobre 2013, comporte 43 noms de paramédicaux de la maternité – des auxiliaires de puériculture et des aides-soignants. Chaque nom est surligné d’une couleur (jaune, bleu, turquoise, gris ou rose). Chaque couleur correspond à une définition : le jaune pour le « leader négatif » ayant « une emprise négative sur l’équipe : refus du changement, commérage, opposition à la hiérarchie », le gris pour la « minorité silencieuse » qui se trouverait « plus ou moins sous l’influence des leaders négatifs », le turquoise pour « l’agent sociable »... Des appréciations que SUD santé qualifie d’« indignes et insultantes ».
À Pompidou, le jaune désigne les chirurgiens « faiblards »
À l’hôpital européen Georges-Pompidou, c’est l’activité des chirurgiens et anesthésistes qui se trouve sous surveillance, recensée dans un fichier nominatif officieux ; là aussi, un code couleur distingue les bons éléments (en bleu) des « faiblards » (en jaune).
Les deux situations scandalisent le CHSCT central de l’AP-HP, qui demande à ce que les personnes concernées soient informées de l’existence de tels fichiers et de l’usage qui en est fait. Des chirurgiens de l’HEGP ont porté plainte au pénal, la CNIL a été saisie du dossier. « On attend de la CNIL une condamnation, et du procureur de la République le lancement d’une enquête », indique ce chirurgien de Pompidou. Qui croit savoir que « Madame Taubira suit personnellement le dossier : la plainte est sur son bureau ».
SUD santé, de son côté, dénonce le silence des tutelles « sur un management qui ne respecte pas les agents du service public et bafoue les représentants du personnel ».
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