LE QUOTIDIEN : Le gouvernement s’apprête à fixer les tarifs des hôpitaux et des cliniques pour 2014. Quelles sont vos attentes ?
FRÉDÉRIC VALLETOUX : L’année dernière, la campagne tarifaire avait été un grand rendez-vous raté. Les tarifs du public avaient baissé trois fois plus vite que ceux du privé ! Les crédits MIGAC avaient été gelés, tandis que les cliniques ont bénéficié d’un avantage réel, avec le crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE). Cela avait suscité un malaise profond et rendu illisible la position du gouvernement vis-à-vis du secteur public.
Je souhaite qu’on ne reparte pas sur les mêmes tensions et incompréhensions. Nous demandons un traitement équitable entre le secteur public et le secteur privé, et la fin réelle de la convergence tarifaire.
Le principe de la dégressivité tarifaire, que nous avons été les seuls à soutenir, doit évoluer et être relié à la pertinence des actes. On pourrait imaginer un écrêtement tarifaire pour certains actes médicotechniques : arthroscopie, endoscopie, cataracte, canal carpien... La tarification au parcours est enlisée. Cette mesure donnerait du sens à la réforme de la T2A. Il faudrait aussi réviser la liste en sus des médicaments coûteux.
Cette liste en sus est-elle inadaptée ?
Inadaptée et trop coûteuse. C’est un puits sans fond pour l’hôpital. En 2013, le nombre de séjours à l’hôpital public a progressé de 1 %, tandis que les dépenses en médicaments innovants ont bondi de 8,7 %. Le coût de la liste en sus a augmenté de 250 millions d’euros, soit l’équivalent d’une hausse tarifaire de 0,5 %, qui nous a échappé. Pour figurer sur la liste et être intégralement remboursé, le produit ou le médicament doit être innovant. Or que constate-t-on ? Avec le temps, les indications s’élargissent. Le Remicade, initialement prescrit contre la polyarthrite rhumatoïde, est désormais testé dans quatre spécialités. Il y a des rentes de situation. Est-il pertinent que l’érythropoïétine et certaines prothèses figurent sur la liste en sus ? Nous pensons que non.
Quel regard portez-vous sur la politique hospitalière menée par la gauche depuis 18 mois ?
Pour l’instant, on est l’arme au pied. Entre deux eaux. Le dialogue existe mais l’attente est longue. Pour retrouver le chemin de la confiance, il faut des orientations concrètes. Que l’on nous dise clairement le contenu de la stratégie nationale de santé. Le gouvernement a ouvert des chantiers, il a affiché des ambitions pour l’hôpital, mais les réponses ne suivent pas. Comment financer le parcours de soins ? Comment faire évoluer la tarification à l’activité, la gouvernance hospitalière ? Comment lutter contre les actes indus ? On a l’impression que les sujets ne sont pas pris à bras-le-corps. Les réformes et le calendrier manquent de visibilité.
Le statu quo donne l’impression d’un immobilisme complet, ce n’est pas sain. On ne pourra pas toujours compter sur des économies internes. La reprise du déficit hospitalier en 2013, que l’on évalue à 400 millions d’euros, est le signe qu’il faut absolument mener des réformes de fond.
La lutte contre les dépassements abusifs à l’hôpital a-t-elle abouti ?
Un rapport a été fait, mais aucune décision n’a été prise. Nous avons approuvé les conclusions du rapport de Dominique Laurent. Ce qu’il faut avant tout, c’est renforcer les mesures de transparence. La FHF n’a jamais plaidé pour la fin du secteur privé à l’hôpital. Il faut trouver le moyen de revenir sur certains abus sans remettre en cause complètement le système.
Qu’avez-vous pensé de l’épisode Hôtel-Dieu ?
Pour moi, typiquement, c’est le symbole d’un gouvernement qui ne sait pas très bien ce qu’il veut pour l’hôpital. Je n’ai pas compris qu’on désavoue publiquement le projet médical pourtant soutenu par la CME de l’AP-HP. Le dossier a été géré de manière très politicienne, en lien avec la campagne municipale à Paris. C’est dommage, car on dessinait un établissement du futur. Un modèle intéressant d’hôpital debout, avec beaucoup de consultations, susceptible d’inspirer d’autres hôpitaux ailleurs qu’à Paris. Peut-être l’habillage sera-t-il différent, mais j’ai le sentiment que le projet prévu va se faire malgré tout.
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