Les internes en médecine sont en grève pendant 24 heures dans toute la France, ce lundi, à l’appel de l’Intersyndicat national des internes (ISNI). Ils dénoncent le blocage des discussions avec le gouvernement sur la réforme du temps de travail à l’hôpital et le non-respect du repos de sécurité après une garde dans plus d’un cas sur cinq.
Contacté par « le Quotidien », le ministère de la Santé a estimé à 5 % le taux de participation des internes à la grève. Le taux de mobilisation avoisine les 5,4 % mais 0,4 % de grévistes ont été assignés.
Selon Mickael Benzaqui, le nouveau président de l’ISNI élu ce week-end, cette grève est toutefois un « bon premier tour de chauffe ». Si elle n’a peut-être pas rencontré le succès escompté, la grève a entraîné une forte mobilisation sur les réseaux sociaux, notamment sur Twitter.
La grève des internes c'est maintenant ! #FormationDeQualité pic.twitter.com/33Ze6YKLm3
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@ISNItwit)
17 Novembre 2014
Opérations coups de poing
Dans plusieurs facultés, les internes ont organisé des actions coups de poing comme à Bordeaux, où a été menée une opération « pizzas et blocage de l’internat ». À Poitiers, un tiers des internes se sont déclarés grévistes et ont manifesté dans le hall du CHU. À Reims, les internes se sont rassemblés devant l’hôpital avant d’être reçus par la direction du CHU.
À Paris, la mobilisation semblait moindre. « Sous la pression des hospitalo-universitaires, c’est un peu compliqué », confesse Mickael Benzaqui. Dans certaines villes, les jeunes médecins ont continué à travailler en portant un brassard de gréviste. À Montpellier, les internes étaient invités à se déclarer grévistes pour une ou deux heures afin d’exprimer leur mécontentement sans perturber l’organisation des services ni subir la pression des chefs.
Les internes sont depuis plus d’un an en négociation avec le ministère de la Santé pour obtenir que la France respecte la réglementation européenne sur le temps de travail. Selon une étude de l’ISNI, les internes travaillent en moyenne 60 heures par semaines au lieu des 48 heures hebdomadaires maximum imposées par Bruxelles.
Le ministère de la Santé envisage de réduire les obligations de service des internes, actuellement découpées en 11 demi-journées, en passant à 10 demi-journées. Dans ce cadre, l’ISNI demande que la semaine de travail soit bordée du lundi au vendredi et que le travail du samedi matin soit considéré et rémunéré comme une garde.
Une mobilisation plus longue ?
L’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG) ne s’est pas associée au mouvement de grève. Au contraire, le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG) a appelé à l’arrêt d’activité de même que les internes de pharmacie et de biologie (FNSIP-BM) et d’odontologie (SNIO).
Les internes en médecine ont reçu le soutien de plusieurs centrales syndicales à l’instar du SML, de l’INPH et d’Avenir Hospitalier qui souhaite que « les jeunes collègues aient envie de rester travailler à l’hôpital public ».
Pour tenter de calmer la grogne des médecins en formation, la ministre de la Santé avait annoncé vendredi un dispositif de sanction à l’égard des établissements ne respectant pas le repos de sécurité. Cet engagement n’a pas suffi à apaiser les internes.
L’ISNI doit étudier la suite à apporter à ce mouvement et n’exclut pas « d’autres mobilisations plus longues dans les semaines à venir ».
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