Avenir hospitalier est satisfait de la mobilisation des praticiens hospitaliers ce mardi, à la suite de son maintien à l’appel à la grève des soins non urgents, et ce malgré la défection des quatre autres intersyndicats de PH.
À l’issue d’une réunion avec Marisol Touraine jeudi soir, la CPH, la CMH, l’INPH, et le SNAM-HP avaient levé leur appel à la grève nationale, estimant avoir obtenu des garanties suffisantes sur la place de la communauté médicale dans la gouvernance hospitalière.
Avenir hospitalier juge ne pas avoir été entendu par le ministère de la Santé sur deux revendications : l’attractivité des carrières hospitalières et le temps de travail des PH. Marisol Touraine a annoncé jeudi dernier la création d’une mission parlementaire sur l’attractivité, sans donner de calendrier. Insuffisant pour Avenir hospitalier.
34 % de PH en grève
L’intersyndicat estime que 34 % des 40 000 praticiens hospitaliers de France sont grévistes ce mardi au niveau national – chiffre non confirmé par le ministère de la Santé. Toujours selon la centrale, le pourcentage oscille entre 70 % et 95 % dans les services d’anesthésie. C’est le cas à la Croix-Rousse (Lyon), à l’hôpital européen Georges-Pompidou (Paris), à Trousseau (Paris) et à Henri Mondor (Créteil).
Avenir hospitalier et le SNPHAR-E, réunis ce mardi matin (de gauche à droite, les Drs Nicole Smolski, Yves Rébufat et Michel Dru) - Crédit : S. Toubon
Le Dr Nicole Smolski précise que ces premiers chiffres ne sont pas significatifs de la grogne générale des PH. « Les collègues ont été déstabilisés par le retrait des quatre autres intersyndicats, qui se sont fait remonter les bretelles par leur base », croit savoir la présidente d’Avenir hospitalier.
Président du SNPHAR-E (Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi, membre d’Avenir hospitalier), le Dr Yves Rébufat se dit pour sa part « satisfait » de ces chiffres. « Les conditions de travail à l’hôpital sont de plus en plus dégradées, précise-t-il, spécialement en anesthésie, spécialité en grande souffrance démographique. »
26 % des postes d’anesthésistes-réanimateurs sont vacants, rappellent les PH. Dans certaines régions désertées par les médecins comme la Picardie, ce pourcentage grimpe à 45 %.
Nouveau rendez-vous avec le cabinet de Marisol Touraine
La centrale doit rencontrer une nouvelle fois ce mardi après-midi le cabinet de la ministre de la Santé. Les PH remonteront au créneau sur le temps de travail médical (prise en compte du delta 39-48 heures dans la rémunération, valorisation du temps additionnel à 650 euros nets pour une journée de travail) et l’attractivité (refonte de la grille salariale, garantie d’une pérennisation de 20 jours de RTT, revalorisation de la permanence des soins). Si elle obtient gain de cause, Avenir hospitalier ne reconduira pas la grève.
« Notre appel à la grève n’est qu’un début, indique le Dr Smolski. Ce soir, nous informerons notre base et nos conseils d’administration. Il sera alors peut-être temps de lancer un second voire un troisième préavis de grève, et d’en rediscuter avec les autres intersyndicats. »
Reçu mardi après-midi par le cabinet de la ministre de la Santé, le Dr Yves Rébufat ( SNPHAR-E) indique au « Quotidien » « n’avoir pas obtenu grand-chose » de cet entretien. « Nous savons que la mission parlementaire sur l’attractivité médicale débouchera sur une dizaine de propositions applicables de suite, mais nous ne savons toujours pas quel député s’en chargera, ni quand », indique l’anesthésiste-réanimateur.
Les PH représentant Avenir Hospitalier ont également évoqué le problème de recrutement des jeunes médecins qui, en passant du statut de contractuel au statut de PH, perde une partie de leur salaire. « Nous avons discuté de la possibilité d’appliquer aux PH le canevas des agents de l’Etat, pour qui toute dégressivité de salaire dans l’évolution d’une carrière est interdite », précise le Dr Rébufat. C’est mieux, mais toujours insuffisant.
Les PH vont, dès ce mardi soir, informer leurs troupes de la suite à donner au mouvement. Des rencontres avec les autres intersyndicats sont envisagées. Un nouveau préavis de grève pourrait être déposé en novembre.
A.B.-I.
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