Samedi 14 et dimanche 15 novembre, une trentaine de comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité se réuniront à Creil pour les 24èmes Rencontres nationales. Entretien avec Hélène Derrien, vice-présidente de la coordination nationale de ces comités de défense, qui décrit une situation alarmante.
LE QUOTIDIEN : Dans quel état se trouvent les établissements de proximité ?
HÉLÈNE DERRIEN : La situation est catastrophique. Ce qui est en train de se mettre en place est le point d’orgue des précédentes réformes du système de santé. Le projet de loi de santé veut opérer des regroupements et des mutualisations avec les groupements hospitaliers de territoire à adhésion obligatoire.
Il y aura un établissement « support » et les activités seront réparties sur les établissements autour, car le but est soi-disant qu’il n’y ait pas de doublons... Mais la conséquence, c’est que les patients vont devoir se déplacer beaucoup plus, tout comme le personnel et les médecins qui vont devoir aller d’un site à l’autre. Cela va notamment impacter les personnes âgées : l’accès aux soins sera plus difficile, sur des secteurs de plus en plus énormes. Le secteur de la psychiatrie sera aussi touché. Or pour une telle pathologie, il est indispensable que la famille du patient soit au plus près.
Avez-vous des exemples concrets et récents de fermetures ?
Cet été, il y a eu une fermeture partielle à Aunay-sur-Odon (Basse-Normandie), à Lure-Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône). Il y a eu des menaces dans plusieurs autres endroits, des fermetures d’urgences, des modifications d’horaires… À Concarneau, les urgences sont fermées la nuit, les gens sont obligés d’aller à Quimper de 19 h jusqu’au lendemain matin, et ce depuis un moment.
Quelles sont les solutions ?
C’est une question de choix politique. Il est possible de remettre en place un système de santé qui réponde aux besoins des territoires, au plus près des gens. Au niveau de l’État, il faudrait d’abord recréer un vrai maillage territorial. Nous sommes favorables au développement des centres de santé et des hôpitaux de proximité, s’ils sont dotés des services adaptés aux besoins.
Il faudrait aller ensuite instaurer une logique de coopération, quand c’est nécessaire, pour suivre le patient quelle que soit sa pathologie. Il est clair qu’on ne va pas faire une grosse opération cardiaque ou neurologique dans un hôpital de proximité ! Il faut créer des conventions pour que le parcours du patient se fasse de bout en bout. C’est enfin aux citoyens de prendre les choses en main. Ils doivent exprimer leurs besoins et prendre conscience que la santé est leur affaire car c’est un droit garanti par l’État. Ils peuvent donc avoir des exigences.
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