Italie : la fermeture définitive des six hôpitaux psychiatriques judiciaires, fin mars, inquiète

Publié le 25/03/2015

Le 31 mars prochain, les six hôpitaux psychiatriques judiciaires italiens seront fermés. Une décision adoptée en 2011 et entérinée par le Sénat en 2012 après qu’une enquête effectuée par une commission a démontré que la plupart de ces structures ressemblaient à l’enfer.

Aujourd’hui, 700 personnes dont 628 hommes et 72 femmes, sont hospitalisées dans ces structures après avoir été qualifiées par un juge et un comité d’experts psychiatriques, « d’incapables d’entendre et de vouloir », selon le code pénal italien. Aujourd’hui, considérés comme obsolètes et inadéquates, ces hôpitaux judiciaires psychiatriques doivent être remplacés par de petites structures sanitaires appelées Rems pouvant accueillir au maximum, une vingtaine de personnes.

Selon le projet annoncé par le ministère de la Justice et celui de la Santé, les cellules seront remplacées par des chambres surveillées non pas par des « matons » comme dans les prisons mais seulement gérées par du personnel médical.

Virage à 180 °

L’idée est de remplacer le principe de l’enfermement de type carcéral en structure psychiatrique par celui de l’assistance médicale. Modifier le concept, l’idée plaît aux psychiatres italiens toutefois très sceptiques pour la plupart sur le bon fonctionnement des Rems. « Les personnes sont enfermées car elles sont dangereuses même si ce concept a été aboli lors de l’adoption de la loi 180 sur la fermeture des asiles de fous et la création de centres d’hygiène mentale, bien qu’il soit toujours paradoxalement inscrit dans le code pénal », explique le Pr Patrizio Bernini.

Cet ex-responsable du département de psychologie médiale de l’Hôpital Saint-Jean à Rome parti en retraite il y a un an, soulève la grande question qui inquiète la plupart de ses collègues. « Qui va les surveiller ? Si un patient s’échappe, qui sera responsable ? Le parlement aurait du légiférer et organiser le système avant de fermer les hôpitaux psychiatriques. Les opérateurs sont inquiets car les Rems n’ont pas de véritable statut », analyse Patrizio Bernini.

Réticence des régions

Autre problème important : seulement une dizaine de régions sont équipées de ces nouvelles structures, certains édiles, notamment dans le Piémont, ayant déjà annoncé qu’ils ne voulaient pas de ce type de structures sanitaires dans leurs communes. Un maximum de 450 patients pourront donc y être accueillis. Pour les autres, il va falloir recourir au système D. De nouvelles expertises ont été annoncées. Ceux qui pourront être relâchés seront pris en charge par le centre d’hygiène mental situé dans leur région pour un suivi psychiatrique. Les autres devront être transférés dans les Rems.

La ministre de la Santé a déjà déclaré qu’un report de la fermeture des structures judiciaires n’est pas au programme. « Ceux qui ne respecteront pas le calendrier, devront assumer leurs propres responsabilités. Au pire, nous mettrons en place un système d’administration contrôlée », a déclaré Beatrice Lorenzin. Les régions qui traînent les pieds pour construire les Rems au prétexte qu’ils coûtent cher ou que leur proximité gênerait la population locale, sont averties.

Ariel F. Dumont à Rome

Source : lequotidiendumedecin.fr