PURE FORMALITÉ que sa réélection : Jean-Loup Durousset devrait être reconduit pour trois nouvelles années à la présidence de la FHP. Sa profession de foi fixe le cap. Jean-Loup Durousset veut organiser un débat sur le financement de l’hospitalisation, travailler sur la pertinence des séjours. Batailler, encore, pour obtenir une équité de traitement avec l’hôpital public. La convergence tarifaire public privé a débuté sous le premier mandat de Jean-Loup Durousset, qui y voit l’aboutissement d’un combat, au même titre que les « galons de reconnaissance » décrochés avec la loi HPST. L’accueil des internes en clinique privée : « Une vraie victoire, dit-il. Pas seulement pour la FHP, mais pour l’ensemble du système de santé ».
Les médecins libéraux n’ont que moyennement goûté le rôle campé par la FHP durant l’examen de la loi Bachelot en 2009. « La FHP a souhaité limiter les dépassements d’honoraires, se souvient, non sans amertume, le Dr Jacques Caton (CSMF). On aurait aimé qu’elle nous appuie davantage pour la reconnaissance des CME et la rémunération des fonctions transversales ».
Lyonnais comme Jean-Loup Durousset, le Dr Caton salue la convivialité du personnage, son énergie déployée pour exporter le modèle hospitalier privé français en Chine. Mais il n’a pas oublié le livre* polémique du patron de la FHP. « Les médecins ont considéré que Jean-Loup Durousset ne les aimait pas trop », résume-t-il. Le président de la CSMF, Michel Chassang, confirme : « Ce livre nous a heurtés, la démarche était maladroite. La FHP peut exprimer sa différence, mais qu’elle ne jette pas la pierre aux médecins. S’il existe des difficultés avec le secteur II, les médecins n’en sont pas responsables ».
Brèche dans le paiement à l’acte.
Le débat sur les dépassements devrait rebondir : le président de la FHP entend rouvrir le chapitre dans les prochains mois. « La tarification actuelle est peu lisible », argumente-t-il. Et de s’empresser d’ajouter, pour prévenir tout nouvel incendie : « Ce n’est pas uniquement la faute du corps médical s’il existe une telle dispersion des tarifs. Il existe plus d’un million de contrats de mutuelles, une forêt dans laquelle personne ne se retrouve ». Jean-Loup Durousset entend remonter au créneau pour que les fédérations hospitalières soient auditionnées lors des négociations conventionnelles. La loi HPST n’avait pas retenu l’idée.
Une brèche a d’ores et déjà été ouverte dans le paiement à l’acte, avec l’autorisation du salariat en clinique privée. Une décision mal vécue par les syndicats médicaux. « Une bouffée d’oxygène pour nos services de médecine interne », estime a contrario Lamine Gharbi, le président du syndicat MCO de la FHP. Satisfait de l’action de Jean-Loup Durousset à la tête de la FHP : « Il fait le job, et il le fait bien. La profession est bien représentée ». Un accord aurait été passé entre les deux hommes. Lamine Gharbi passerait son tour cette fois-ci pour être candidat à la présidence de la FHP en 2014. « C’est dans l’ordre des choses, mais chaque chose en son temps », élude-t-il aujourd’hui.
Cet autre fin connaisseur du secteur, qui souhaite garder l’anonymat, nuance le bilan de Jean-Loup Durousset. « L’actuel président de la FHP peine à fédérer les trois secteurs. La psychiatrie et les soins de suite ne se sentent pas bien représentés, de même que les petites cliniques - les groupes constituent la garde rapprochée de Jean-Loup Durousset. La FHP n’a pas su conduire de politique sociale ces trois dernières années : les directeurs d’établissement sont dans l’embarras pour négocier les évolutions salariales en l’absence de recommandations nationales. Dernier constat : malgré le rôle plus politique du président avec les nouveaux statuts de la Fédération, la FHP reste moins influente que la FHF [la Fédération hospitalière de France] ».
* Jean-Loup Durousset a publié l’ouvrage « Le privé peut-il guérir l’hôpital ? » fin 2010, aux éditions Nouveaux débats publics.
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