LE PRÉSIDENT de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), Jean-Loup Durousset, livre sa vision du monde hospitalier dans un ouvrage publié chez « Nouveaux débats publics ». En guise de titre, cette question, volontairement provocatrice : « Le privé peut-il guérir l’hôpital? ». La religion de Jean-Loup Durousset est faite : la réponse est affirmative. L’hôpital public n’existe que parce que coexistent les cliniques privées qui le poussent à la productivité, expose-t-il.
Plusieurs chapitres sont réservés à l’exercice médical libéral. La plume de Durousset se fait acerbe. « Le mot libéral est devenu totalement archaïque », écrit-il, en enterrant d’un même coup la liberté d’installation et la liberté tarifaire. La liberté de prescription « est bien la seule qu’il (...) reste » aux médecins libéraux, poursuit le président de la FHP, convaincu de l’avenir du salariat dans les cliniques privées.
Au fil des pages, Jean-Loup Durousset, qui dirige un groupe de cliniques à Lyon, fustige « un système où le médecin est roi », et où l’intérêt du patient pèse bien peu face au souci politique de ménager des électeurs influents - ou supposés comme tels. « Alors que la loi HPST prévoyait l’obligation pour les généralistes de déclarer leur période de congés d’été afin d’améliorer la permanence des soins, en particulier en période de canicule, la ministre a dû reporter la mesure devant le mécontentement des intéressés. C’est dire à quel point la profession est susceptible et persuadée de sa suprématie », assène Jean-Loup Durousset. Qui a décidé de prendre les médecins à rebrousse poil, y compris lorsqu’il évoque les savants calculs débouchant chaque année sur le numerus clausus : « Favoriser la raréfaction pour augmenter la valorisation : voilà la position, non dite, des médecins. Qui, jamais, ne se posent la question des besoins des patients. Et qu’importe ci ces derniers attendent des semaines pour obtenir des consultations. Qu’importe si les urgences sont pleines à craquer. Qu’importe aussi si des médecins étrangers, exerçant parfois dans des conditions peu faciles, viennent massivement combler les lacunes de notre système ».
Au chapitre des préconisations, le président de la FHP suggère d’encadrer les dépassements d’honoraires ; de permettre au secteur privé de réaliser des audits dans les hôpitaux publics en difficulté ; de supprimer le concours de l’internat et le numerus clausus ; de faire évoluer les règles conventionnelles, pour sortir du tout paiement à l’acte. Autant de pistes qui, à coup sûr, ne manqueront pas de faire réagir les partenaires des cliniques que sont les médecins libéraux.
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