Des blouses blanches en rangs serrés et des drapeaux rouges attendaient jeudi soir Jean-Luc Mélenchon à l’Hôtel-Dieu. Inquiet pour l’avenir de l’hôpital parisien (dont les urgences sont menacées de fermeture) et de ses personnels, le leader du Parti de gauche n’a pas caché sa surprise en franchissant le seuil des services des urgences et de la radiologie, qui ne tournent plus depuis quelques semaines.
Pourtant, l’endroit reste très fréquenté, le personnel occupe désormais les lieux. « On ne se laissera pas anesthésier, on va les empêcher de dormir, d’ailleurs désormais on dort ici, explique au député européen l’urgentiste Gérald Kierzek, à la tête du comité de soutien de l’Hôtel-Dieu. Que Marisol Touraine nous dise clairement qu’elle ferme l’hôpital ! Mais si les politiques continuent à avoir une réelle ambition pour la santé des Parisiens, ce n’est pas la décision à prendre. » Selon le médecin, l’hôpital est victime d’une « politique de la terre brûlée ». « 300 personnes atterrissent aux urgences de la Pitié-Salpêtrière tous les jours alors qu’il est conçu pour en accueillir la moitié », poursuit-il.
Aberration
Persuadé que les restructurations rongent l’hôpital public dans son ensemble, Jean-Luc Mélenchon ne décolère pas. « On va demander aux gens qui attendent douze heures aux urgences de s’adapter, c’est une aberration, s’exclame-t-il. Pourquoi ne pas leur demander aussi de tomber malade aux bonnes heures, de ne pas avoir d’accident ? C’est purement irresponsable. »
À ses côtés, Danielle Simonnet, conseillère de Paris et secrétaire nationale du Parti de Gauche, lui rappelle que tous les élus socialistes étaient au départ opposés à la fermeture de cet hôpital. « Malgré le changement de locataire de l’Élysée, ce n’est plus le cas aujourd’hui puisque Jean-Marie Le Guen et Anne Hidalgo expliquent que les temps changent, retoquant à quatre reprises nos vœux au Conseil de Paris sur cette question de l’avenir de l’Hôtel-Dieu », déplore-t-elle.
Jean-Luc Mélenchon prend le pouls, va à la rencontre des aides-soignantes, des médecins et de tout le personnel qu’il croise dans les couloirs. « Les restructurations administratives sont d’abord des drames humains et on ne peut pas abandonner les personnels dans ces conditions », souffle-t-il.
Un enjeu de campagne
La secrétaire générale des syndicats CGT à l’AP-HP lui explique que ce qui se joue à l’Hôtel-Dieu depuis 2010 devient le symbole du malaise général qui ronge l’institution. « C’est pire qu’à France Telecom. À un moment donné, nous déplorions au moins trois suicides par mois sur toute l’Assistance publique », lui lance un syndicaliste.
Jean-Luc Mélenchon demande aux politiques de prendre leurs responsabilités et conseille aux personnels en lutte de ne pas baisser les bras. Le message est entendu. Le Comité de soutien a promis de s’inviter à tous les meetings de la campagne des élections municipales. Un de ses membres ironise : « Nous irons en blouse blanche sur les marchés expliquer aux Parisiens que l’hôpital du cœur de Paris devient une vitrine, mais qu’ils peuvent dormir tranquille, l’AP-HP y laisse une ambulance de réanimation. »
En quittant l’hôpital, Jean-Luc Mélenchon se tourne vers Notre-Dame. « Cette situation est une pure hérésie », lâche-t-il.
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