LE CENTRE hospitalier Sud francilien est le premier hôpital de France à être intégralement reconstruit grâce à un partenariat public privé (PPP). Le bail emphytéotique a été signé en 2006 par Xavier Bertrand, le ministre de la Santé d’alors. Il est prévu que Sud francilien verse un loyer au groupe Eiffage jusqu’en 2041, couvrant la construction, la maintenance et l’exploitation des murs. Soit 40 millions d’euros par an. Ce montant, ainsi que le coût total de l’opération – près de 1,2 milliard d’euros – donnent le tournis.
La Chambre régionale des comptes d’Ile-de-France s’en émeut dans un récent rapport*. D’autant qu’elle relève diverses défaillances : un déficit structurel (entre 15 et 20 millions d’euros par an), un pilotage médico-économique « très en deçà des enjeux », une productivité « faible », alors même que les effectifs augmentent. Les magistrats l’affirment : « Les capacités du nouvel hôpital sont surdimensionnées. » Ils établissent plusieurs priorités, notamment le développement de la chirurgie ambulatoire, l’abandon de l’urologie, la recherche de partenariats pour l’activité de radiothérapie.
Établissement phare.
C’est surtout le plateau technique que, de son côté, Claude Évin juge surdimensionné. Interrogé sur la pertinence du « PPP », le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) répond : « Nous travaillons pour voir comment atténuer les coûts du cadre juridique choisi à l’époque. Il ne m’appartient pas aujourd’hui de dire s’il aurait fallu autrement. J’assume une situation qui est compliquée aujourd’hui. Cela a été fait, maintenant il faut ouvrir cet établissement dans de bonnes conditions. Le Sud francilien doit pouvoir remplir son rôle d’établissement phare sur le sud de l’Ile-de-France, ce qui n’empêche pas d’envisager d’autres dossiers. » En particulier, l’ARS souhaite le rapprochement, pour la chirurgie lourde, entre le Sud francilien et Melun (où l’hôpital et les cliniques vont se regrouper sur un site unique).
Plutôt que de se voir imposer des décisions, les médecins des deux sites réfléchissent à des consultations avancées et des regroupements de plateaux techniques, indique le Dr Alain Jacob, vice-président de la commission médicale d’établissement (CME) du CH Sud francilien. Qui se dit confiant : « A l’hôpital, l’ambiance est bonne. Il n’y a pas de sinistrose. Le nouvel hôpital ouvrira ses portes dans quelques mois, c’est un outil magnifique, et le bâtiment sera rendu à l’état neuf dans trente ans. » Ne redoute-t-il pas une course à l’activité pour payer le loyer ? « Il faudra augmenter notre activité en réduisant les fuites de patients vers Paris, concède le cancérologue, mais nous ne ressentons pas une pression extraordinaire de notre direction pour accroître la rentabilité. Nous avons un très beau projet, nous sommes contents. » Le Dr Jacob précise que l’image « sensationnelle » collée à son hôpital l’embarrasse. « Dire qu’il y a un immense surcoût, c’est à la fois vrai et complètement faux, dit-il. Le PPP, nous n’avons pas eu le choix. C’est le ministre qui l’a signé. Probablement aurons-nous des problèmes techniques et financiers au démarrage, comme l’HEGP, mais nous ne vivons pas dans un climat de tension comme à l’AP-HP ». Si le vice-président de la CME se veut positif, c’est sans doute aussi parce que le CH Sud francilien recrute. Des chirurgiens, des anesthésistes, des radiologues ou encore des oncologues.
* Le rapport est en ligne à l’adresse http://www.ccomptes.fr/fr/CRC13/Productions-ROD-2010.html
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