Opérateurs éclatés, projets non coordonnés, hôpitaux partant en ordre dispersé... La France ne parvient pas à s’imposer face à ses concurrents européens et américains pour vendre son savoir-faire médical. Même les Chinois font mieux. En Afrique, ils construisent des hôpitaux. Et lorsqu’ils demandent de l’aide pour moderniser leurs propres hôpitaux, la France, à nouveau, fait défaut.
Ce directeur d’hôpital chinois l’a expliqué sans ménagement, la semaine dernière, lors d’un colloque à Paris : « La Chine devient une société vieillissante, nous cherchons des partenaires. Au Royaume-Uni, cela a été facile. Nous sommes venus trois fois à Paris et nous n’avons pas trouvé d’interlocuteur ».
Les efforts engagés (création de clubs santé à l’étranger, dynamique lancée par l’ancienne ministre Nicole Bricq) n’ont conduit qu’à des coups ponctuels. Des coopérations existent : le CHU d’Amiens aide des hôpitaux chinois à se restructurer, l’AP-HP participe à la construction d’un CHU algérien... Mais la France n’a toujours pas de filière structurée export et santé. Et des occasions lui passent sous le nez : la construction d’un hôpital franco-chinois à Shanghai, une idée des Chinois, est par exemple au point mort.
La future agence française d’expertise technique internationale (AFETI) pourrait changer la donne. Issue de la fusion de six opérateurs, elle a vocation à répondre aux appels d’offres internationaux. Industriels et hospitaliers se disent prêts à marcher main dans la main. L’objectif est double : faire rayonner l’excellence du système de santé français, et doper l’économie nationale.
Le ministère des Affaires étrangères mise sur la « diplomatie sanitaire »
Laurent Fabius s’est emparé du dossier. Il souhaite que la France livre des hôpitaux clé en main en combinant ses compétences – construction, financement, projet médical, logistique, numérique, ingénierie biomédicale, formation... L’accueil de patients étrangers surfacturés, comme le fait l’Allemagne, est une autre piste envisagée par le ministre des Affaires étrangères. Dans un rapport commandé par le gouvernement, Jean de Kervasdoué estime que la France a une carte à jouer, en attirant les classes aisées des pays émergents grâce à la renommée de sa cancérologie et de sa chirurgie. Mais la ministre de la Santé hésite à s’engager dans cette voie, source de possibles frictions avec les professionnels et les syndicats.
C’est dans ce contexte mouvant que les fédérations hospitalières (FHF, FHP, FEHAP, Unicancer) organisent le premier salon Hôpital Expo Méditerranée*, les 3 et 4 décembre, à Marseille. Laurent Fabius y est attendu. Plusieurs délégations étrangères feront le déplacement (Maroc, Tunisie, Algérie, Liban...). L’événement permettra de faire le point sur les nouveaux besoins dans les pays du bassin méditerranéen, et les coopérations à développer pour répondre à leurs attentes.
* Programme des tables rondes sur www.hopitalexpomed.com
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