L’agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH) publie un rapport dans lequel elle décortique le coût des prises en charge, à l’hôpital et en clinique, des actes de médecine, de chirurgie et d’obstétrique (MCO) en 2012.
Pour ce faire, l’ATIH a audité 36 établissements publics (14 centres hospitaliers régionaux, 19 petits hôpitaux et trois centres de lutte contre le cancer), 10 établissements à but non lucratif et 24 cliniques.
Soins au pied du lit du patient (coût des personnels), actes techniques, charges directes (médicaments et autres consommables, sous-traitance en laboratoire et imagerie, honoraires des médecins à titre libéral) et coût de fonctionnement (accueil, secrétariat, restauration, blanchisserie) sont pris en compte dans les calculs de l’agence.
Le rapport met en lumière de fortes disparités entre le secteur public (et privé non lucratif) et le secteur privé, selon le type d’activité et le mode de prise en charge (ambulatoire ou « classique »). Chaque montant correspond aux ressources mobilisées par l’établissement et non au coût pour l’assurance-maladie.
En préambule de son rapport, l’agence technique de l’information sur l’hospitalisation met en garde : il est impossible selon elle de comparer les coûts des secteurs publics et privés par regroupements de GHM (chirurgie, techniques interventionnelles, médecine, obstétrique…), les segments d’activité couverts étant différents. « Seule la comparaison GHM par GHM a un sens », affirme l’ATIH.
Un coût moyen de 2 115 euros pour l’hôpital et 1 204 euros pour une clinique
À l’hôpital, le coût moyen d’une prise en charge est évalué à 2 115 euros. Il varie de 575 euros pour une séance (dialyse, chimiothérapie) à 4 564 euros pour un séjour de chirurgie.
En chirurgie, une prise en charge ambulatoire coûte 1 315 euros alors qu’une « hospitalisation pour sévérité lourde » coûte 16 650 euros.
En clinique, le coût moyen de prise en charge est près de deux fois inférieur à celui des établissements publics (1 204 euros en 2012). Il est de 449 euros pour une séance à 1 910 euros pour un acte chirurgical. La chirurgie fait le grand écart entre l’ambulatoire (900 euros) et un « séjour de sévérité lourde » à 8 000 euros.
Ambulatoire : 385 euros l’avortement, 2 020 euros l’arthroscopie de l’épaule
En ambulatoire, le moins cher pour l’hôpital est la pose de drains transtympaniques (611 euros). De l’autre côté de l’échelle, la pose de stimulateurs médullaires peut coûter jusqu’à 5 120 euros à l’établissement.
Les cliniques assurent pour leur part près de 70 % des séjours ambulatoires. Ce coût varie de 385 euros pour les avortements (avec aspiration ou curetage ou hystérotomie) à 2 020 euros sur l’arthroscopie de l’épaule.
Acte emblématique, la chirurgie de la cataracte coûte 1 470 euros dans le public et 1 147 euros dans le privé.
Autre activité phare de l’ambulatoire, l’extraction des dents de sagesse revient à 1 310 euros à l’hôpital et 770 euros en clinique.
Retirer un ménisque coûte 1 406 euros à un hôpital et 811 euros à une clinique.
Différentiel moindre pour les accouchements
Lorsque l’ambulatoire est en développement sur une activité, les écarts de coûts selon le mode de prise en charge sont bien plus spectaculaires.
À l’hôpital, la mastectomie subtotale en cas de tumeur maligne coûte 2 384 euros en ambulatoire et 3 467 euros en séjour classique. En clinique, le même acte coûte quasiment deux fois moins cher à l’établissement : 1 123 euros en ambulatoire ; 2 181 euros en hospitalisation complète.
En périnatalité, les coûts varient selon le degré de complications. À l’hôpital, on passe de 2 330 euros pour les accouchements par voie basse sans complication à 3 215 euros avec complications. Les césariennes reviennent à 4 024 euros sans complication et 5 857 euros avec complications.
L’écart est moins important en clinique, où l’on constate un différentiel de 400 euros pour les accouchements par voie basse et de 800 euros pour les césariennes.
La chimiothérapie et la cataracte, des pratiques onéreuses pour les établissements
Les séances de chimiothérapies tumorales concentrent la part la plus importante des dépenses pour les hôpitaux. 1,45 million de séances ont été recensées en 2012 avec un coût de 922 euros en moyenne.
Avec 701 000 séances pour un coût moyen de 823 euros, la chimiothérapie constitue également une part importante des dépenses des cliniques.
Autre spécialité du privé, la chirurgie de la cataracte en ambulatoire (1 147 euros en moyenne) a un coût conséquent pour les établissements, au regard du nombre d’actes effectués. L’ATIH comptabilise 467 477 séjours par an.
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