La profession interloquée après le docu coup de poing « Dans le ventre de l'hôpital »

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Publié le 04/10/2017

Le documentaire « Dans le ventre de l'hôpital », diffusé mardi soir sur Arte et disponible en replay jusqu'au 10 octobre, a réuni 762 000 téléspectateurs selon Médiamétrie, et a déclenché une onde de choc sur les réseaux sociaux.

De nombreuses personnes, majoritairement membres de la communauté hospitalière, ont exprimé leur colère ou leur désarroi sur Twitter pendant ou après les 80 minutes du programme tourné dans les blocs opératoires de l'hôpital Saint-Louis (AP-HP).

Des internautes à l'instar de Benjamin ont été choqués du décalage entre le profond malaise exprimé par les soignants, et le discours de leur direction.

 

 

Le même a regretté que « l'hôpital utilise les méthodes de Lidl, le new public management pour soigner » et a dénoncé « les ravages de la tarification à l'acte ». « La société est toujours plus gouvernée par les nombres, le calcul et le contrôle de la performance... », lui a répondu Nalium.

Des téléspectateurs ont salué le difficile travail des soignants.

 

Zen a attribué son « coup de cœur » à une anesthésiste, qui après avoir longuement exprimé son mal-être (« Je suis intimement fière du métier que je fais, mais mon travail n'a plus de sens », expliquait-elle), a mis en place avec plusieurs autres collègues médecins et des cadres une boîte à idées pour améliorer la situation dans les services.

 

 

 

Interne à l'AP-HP, Sabrina Ali Benali, membre de la France insoumise, a regretté l'absence de dialogue réel avec la direction de l'hôpital.

 

Le Dr Julien Lenglet, hématologue à Paris, a invité les téléspectateurs à ne pas tirer de conclusions caricaturales après le visionnage de cette plongée alarmiste dans le cœur de l'hôpital Saint-Louis, la souffrance frappant toutes les strates hiérarchiques des établissements.

 

 

Avant même la diffusion du documentaire, l'AP-HP avait tenté de désamorcer, affirmant qu'il ne pouvait « être considéré comme un documentaire sur le burn-out en général ». Le réalisateur Jérôme Le Maire, autorisé à tourner en totale liberté, a selon le CHU choisi « un service, connu et repéré pour être à l’époque en difficulté, et non pas un service parmi d’autres ». « C’est un parti pris de l’auteur, assumé par l’hôpital [...] Le regard du réalisateur a sélectionné dans la matière très riche recueillie au cours de ses années de présence, les images nécessaires à sa démonstration. » 

Selon l'AP-HP, le réalisateur a interrompu son tournage « au moment où se mettaient en place les changements », sans chercher à montrer s'ils amélioraient le fonctionnement du service. Selon l'AP-HP, « le fonctionnement du bloc s’est plutôt amélioré depuis cette crise ».

Le Dr Nicole Smolski, présidente d'honneur d'Action praticiens hôpital (APH) a fustigé la direction de l'Assistance publique, estimant sa réaction hors-sujet.

 

Si la majorité des commentaires a salué le travail du réalisateur, certains internautes sont restés sur la faim, considérant qu'à trop vouloir scénariser le mal-être, le film ne montrait aucun bon moment. 

 


Source : lequotidiendumedecin.fr