1,1 milliard d’euros de dettes pour 1,2 milliard de budget, 33 millions d’euros de déficit en résultat consolidé (structurellement plus de 40 millions d’euros), tels apparaissent les comptes que doit entériner le Conseil de surveillance de l’Assistance publique des Hôpitaux de Marseille à la fin juin.
Le CHU phocéen n’est pas un cas isolé, comme l’a récemment révélé le rapport de la Cour des comptes. « Nous avons une dette colossale de 1 milliard d’euros due à une politique d’investissement qui ne correspondait pas forcément aux capacités de l’AP-HM, explique Jean-Marc Viguier, secrétaire général de l’hôpital marseillais. Les lois des années 2000 ont encouragé les hôpitaux à contracter des crédits pour se moderniser. L’État a dit « Endettez vous » et c’était nécessaire pour compenser le retard mais cela s’est fait sans contrôler le retour sur investissement et sans prévoir la crise financière. »
Construction du bâtiment médico-technique baptisé Timone 2, réorganisation de l’Hôpital Nord et de Sainte-Marguerite, modernisation des deux pôles psychiatriques, tous ces aménagements étaient nécessaires pour améliorer l’offre de soins. Mais aujourd’hui, ce sont justement ces investissements à l’aide d’emprunts dits toxiques qui plombent les comptes de l’AP-HM. Cette dette qui la laisse exsangue, génère beaucoup de frais financiers et l’oblige à affiner son diagnostic alors que l’ARS exige dès maintenant des résultats. « Avec un déficit structurellement de plus de 40 millions d’euros, nous devons examiner la situation de près et enclencher un plan de retour à l’équilibre. Nous n’allons pas rester les bras ballants. »
« Il faudra 5 à 10 ans pour se désendetter »
Des mesures drastiques ont déjà été annoncées aux cadres de santé. Il est question de revoir l’organisation du travail pour éviter le recours aux intérimaires, de renoncer à une journée de congé par an, « qui n’existait qu’à Marseille, un luxe que nous ne pouvons plus nous permettre ». La direction a également annoncé le non-remplacement de 4 départs à la retraite sur 5 dans les emplois administratifs. « Nous sommes en train de négocier une maîtrise de l’effectif en sacralisant les effectifs de soignants. On n’ira pas en dessous d’un effectif cible de 12 120 salariés pour pouvoir fonctionner. C’est ce dont nous discutons avec les syndicats. » Ceux-là acceptent plutôt mal les mesures annoncées, craignant une dégradation des conditions de travail, pour des salariés déjà « à flux tendus ». « Il faut être patient, assure encore Jean-Marc Viguier. Il nous faudra 5 à 10 ans pour nous désendetter. 5 ans pour stabiliser la dette et les 5 années suivantes pour se désendetter en réinvestissant un peu. » Car l’APHM ne veut pas renoncer à toutes ses réorganisations. Sans avoir recours à l’emprunt. « On travaille sur l’injection d’argent par des collectivités comme le Conseil général des Bouches-du-Rhône par exemple qui peut investir sur la future grande maternité du centre-ville. Il existe un projet médical clair sur lequel nous pouvons nous appuyer. »
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