Le ton monte au centre hospitalier Émile Borel de Saint-Affrique, dans l’Aveyron. Pour dénoncer le manque de moyens alloués à l’établissement, une centaine de soignants ont posé nus, une pancarte en mains pour cacher leurs parties intimes. « L’ARS nous déshabille », pouvait-on lire sur l’une d’elles. « On voit tout disparaître ici. Le service de chirurgie viscérale a été fermé, tout comme de nombreux lits d’hospitalisation d’aval. On fait les frais de la politique économique de l’ARS », pointe Régine Sauveplane, infirmière aux urgences et secrétaire de la CGT. Et c’est sans compter les urgences qui, faute de personnel suffisant, sont régulées depuis cet été.
De quoi dégrader l’accès aux soins de proximité alors qu’un hôpital commun à Millau et Saint-Affrique est dans les tuyaux de l’ARS, pour voir le jour d’ici à cinq ans. « Le souci, c’est que l’ARS s’était engagée à ne rien fermer, ni à Millau, ni à Saint-Affrique, tant que ce nouvel établissement n’est pas ouvert au public », rappelle l’élue CGT du CH Émile Borel.
Reste que l’action menée par les soignants n’est pas du goût de la direction. « On n’a pas à avoir des photos d’agents à poil dans l’hôpital. Je peux comprendre les choses, mais on ne peut pas dévoiler ces photos montages aux yeux du public », a expliqué Benoît Durand, directeur par intérim des hôpitaux de Millau et Saint-Affrique, dans les colonnes du Midi Libre. Quant au manque de personnel soignant à Saint-Affrique, ce dernier déplore la pénurie de médecins qui compliquent les recrutements.
Des arguments qui peinent à convaincre. « On sent très bien que le directeur est là pour la mission qui lui a été confiée par l’ARS, soupire Régine Sauveplane. À chaque fois qu’on lui évoque des problèmes, il répond qu’il ne peut pas recruter des médecins. Sauf que dans le même temps, on assiste à une politique de transfert des ressources de Saint-Affrique vers Millau. Tous les recrutements sont ciblés vers Millau désormais. »
Mobilisation des patients le 6 novembre
L’inquiétude gagne aussi les patients. « Les médecins à Saint-Affrique sont vieillissants, ce qui implique des fermetures de services et de lits. Conséquence, les patients sont obligés d’être hospitalisés plus loin de chez eux et de leur famille après une chirurgie. Ils sont parfois situés à une heure de leur domicile », soulève Rose Combes, coprésidente du Manifeste des hôpitaux et maternités de proximité en sud Aveyron.
Quant au projet d’hôpital commun, qui installerait les services d’hospitalisation générale et les urgences à Saint-Georges, il est loin de convaincre les usagers. « Il faut compter au moins 25 minutes de route pour s’y rendre depuis Saint-Affrique. On nous promet une nouvelle route rapide mais elle n’existe pas encore. Et cela va surtout rallonger la distance et le temps de trajet des habitants des villages aux alentours de Saint-Affrique. »
Alors que les urgences sont encore régulées, le collectif de patients manifestera devant l’hôpital de Saint-Affrique mercredi 6 novembre à partir de 10 heures pour réclamer « la fin de cette politique de restriction et la réintégration d’un service d’urgences pleinement opérationnel ». De leur côté, médecins, infirmiers et autres personnels soignants de l’établissement s’activent pour faire renaître le collectif Émile Borel, qui avait déjà été constitué il y a une vingtaine d’années pour défendre l’accès aux soins de proximité à Saint-Affrique.
À l’hôpital psychiatrique du Havre, vague d’arrêts de travail de soignants confrontés à une patiente violente
Ouverture du procès d'un homme jugé pour le viol d'une patiente à l'hôpital Cochin en 2022
Et les praticiens nucléaires inventèrent la médecine théranostique
« Pour la coupe du monde, un ami a proposé quatre fois le prix » : le petit business de la revente de gardes