La grève des urgentistes hospitaliers devait être illimitée, elle aura été de très courte durée. La ministre de la Santé a éteint leur mobilisation en moins de 24 heures, grâce à une circulaire adressée aux agences régionales de santé (ARS). Une mesure, en particulier, a conduit l’AMUF (Association des médecins urgentistes de France) à lever son mot d’ordre d’arrêt d’activité : la généralisation du principe du décompte horaire « au plus tard le 1er juillet 2015 ».
Toutes les structures d’urgences sont concernées, ainsi que les SAMU et les SMUR. Un décret devrait suivre.
Actuellement, ce calcul horaire n’est pas systématiquement appliqué, en particulier dans les hôpitaux parisiens. Il permet une mesure plus précise du travail effectué que le calcul en demi-journée. L’ensemble des syndicats médicaux saluent la disposition, et réclament son extension aux autres spécialités.
Pour calmer la colère des urgentistes, Marisol Touraine a rappelé en outre que le plafond maximum des 48 heures hebdomadaires - fixé par l’Europe - doit être strictement respecté. Elle introduit, c’est inédit, une distinction entre le temps clinique et le temps consacré aux autres activités (enseignement, recherche, fonctions transversales...). Dans cette logique, le travail posté consacré aux soins ne devrait pas excéder 39 heures. Les activités non cliniques seront forfaitisées et donneront droit à une rémunération complémentaire. L’idée est de reconnaître l’implication globale des urgentistes à l’hôpital, et pas seulement au lit du malade.
Après les orientations, la concertation
Un groupe de travail a été chargé d’affiner le dispositif (nature des activités non cliniques, volume horaire, rémunération...). Ses conclusions sont attendues le 1er avril. Des « mesures convergentes » cibleront les spécialités où la permanence des soins est lourde, et le travail, posté. D’extension à l’ensemble des PH, il n’est pas encore question, ce qui contrarie les défenseurs du « statut unique ».
Ces assurances écrites ont convaincu le SNPHAR-E (Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi) de lever lui aussi son appel à la grève. « Dans les faits, rien n’a encore changé, mais nous espérons que cela aboutira », tempère son président, le Dr Yves Rébufat.
Avenir hospitalier et la CPH (Confédération des praticiens des hôpitaux) réclament une refonte complète du temps de travail des PH - avec fixation à 39 heures de la durée légale hebdomadaire. Le décompte horaire ne changera rien à la pénibilité et à la pénurie, fait valoir de son côté l’INPH (Intersyndicat national des praticiens hospitaliers), qui appelle à une revalorisation de l’astreinte et du salaire de tous les PH, jeunes médecins en tête.
Ces sujets - temps de travail, grille des rémunérations, valences... -, doivent être abordés par l’ancien sénateur socialiste Jacky Le Menn. La mission qu’il conduit sur l’attractivité des carrières médicales rendra ses premières conclusions en janvier, et son rapport définitif en mai. Viendra ensuite le temps des arbitrages ministériels. Le SNPHAR-E, lui, a prévenu. En l’absence d’avancées concrètes fin janvier, il lancera un nouveau mouvement social « encore plus fort ».
Investissement en santé : malgré l’urgence, pourquoi ça coince encore
Suicides de soignants à l’hôpital : Vautrin, Borne et Neuder visés par une plainte, ainsi que l’AP-HP
Opacité tarifaire, pratiques commerciales trompeuses… Les cliniques rappelées à l’ordre par Bercy
Vers un moratoire sur les fermetures des maternités ? Les obstétriciens du Syngof disent non