EN 2030, la Corse devrait avoir la plus faible densité médicale de France. La question des recrutements médicaux se pose avec une acuité particulière à la Miséricorde, où le corps médical est âgé. La moitié des 15 chirurgiens prendra sa retraite dans cinq ans. Qui fera tourner le nouvel hôpital en 2017 ? Sans une relance forte de l’activité, tout espoir de redressement financier s’envole.
Le Dr Sauveur Versini, ancien chef du service de gynéco-obstétrique, opère encore. Par goût. Faute d’avoir trouvé un successeur, aussi. « L’hôpital d’Ajaccio n’est pas bon pour attirer les jeunes compétents », dit-il. Lassés par le marasme général, quelques-uns s’en vont dans le privé. Le turn over aux urgences est élevé. « Ceux qui restent en font toujours plus. L’intérim coûte un bras, et certains assistants ne sont pas au top », expose un PH.
Affinités.
Comment renflouer les équipes ? L’hôpital ne manque pas d’atouts : les huit blocs sont modernes, la maternité refaite à neuf. L’île de beauté peut être un argument de vente, s’il n’y avait ce climat, si particulier. Attentats contre des grandes surfaces, meurtres, mitraillage du journal Corse-Matin : la violence sévit de nouveau (une branche nationaliste a fait scission cet été).
D’une seule voix, le personnel du CHA jure que l’hôpital se tient à l’écart de ces soubresauts. Une voiture a brûlé devant l’internat fin septembre. Son propriétaire, un médecin spécialiste, a vu la porte de son domicile taguée le surlendemain. « Fora ». Traduction : dehors. « C’est un cas isolé », minimise aussitôt ce PH. « Un fait mineur », complète cet autre praticien, qui condamne l’agression, tout en regrettant la dévalorisation du statut de PH : « Ce spécialiste demande un contrat très avantageux ». De quoi nourrir de possibles rancœurs. La piste d’un règlement de comptes entre médecins est avancée par certains.
En mai dernier, le Dr Bernard Angelini, pharmacien à la Miséricorde et candidat FN aux législatives, a fait campagne contre l’immigration et l’insécurité. « Nous sommes sur une terre d’identité, une terre d’honneur », déclarait-il sur le plateau de France 3. Il met en garde aujourd’hui contre les conclusions hâtives. « Il n’y a pas de climat malsain à l’hôpital. On s’entend bien, tous. Après, c’est une histoire d’affinités ». « Pour s’installer ici, il faut se faire adopter. Le spécialiste visé est un bon médecin, mais peut-être n’a-t-il pas tout compris à la Corse », conclut... un Corse.
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