EN SEPTEMBRE 2010, le patron de l’ARS d’Ile-de-France avait émis l’hypothèse de ne conserver qu’une ligne de garde chirurgicale par département francilien (hors Paris). La levée de boucliers avait été immédiate. Un an plus tard, Claude Evin a revu sa copie. Il suggère à présent de maintenir un bloc pour environ un demi million d’habitants en nuit profonde (22h30 - 8h). Soit entre 25 et 35 sites pour l’ensemble de la région.
Le projet cible la chirurgie orthopédique, viscérale et digestive. Soumis à concertation ces derniers mois, il trouve des soutiens parmi les médecins. Le Dr Marc Giroud, président de SAMU de France, reconnaît que les règles actuelles manquent de clarté. Multiplicité des appels et des interlocuteurs : l’urgentiste de Pontoise évoque le temps perdu par ses confrères lorsqu’il s’agit de trouver un bloc où opérer un accidenté de la route en pleine nuit. Pour faire face à une trentaine d’interventions à l’échelle de toute la région, 87 établissements sont sur le pont chaque nuit. En théorie, car par endroits l’équipe est occupée à finir le programme opératoire de la journée, quand elle n’est pas incomplète. Certains refus se terminent par des drames. « Il s’agit d’améliorer la sécurité et la qualité des prises en charge chirurgicales de nuit », expose Claude Evin, le DG de l’ARS. Qui précise que les urgences ne sont pas concernées : la région conserve ses 87 services d’accueil des urgences. Seulement, il n’y aura à l’avenir de bloc ouvert la nuit que dans un tiers de ces SAU pour les patients arrivant de l’extérieur.
Principe du zéro refus.
La chirurgie cardiaque francilienne a opéré sa mue nocturne avec succès il y a dix ans. Les refus de prise en charge ont disparu avec la réduction du nombre d’équipes, toutes clairement identifiées par les urgentistes. « Certes, les transports sont plus longs mais globalement, on gagne du temps », déclare le Dr Giroud. L’ARS va sélectionner les établissements souhaitant poursuivre la chirurgie nocturne en orthopédie, en viscéral, et en digestif, sur la base d’un cahier des charges qui interdit les refus de prise en charge. Si la CRSA (conférence régionale de la santé et de l’autonomie) valide le projet, sa mise en œuvre débutera au 1er janvier. Une réflexion de même nature sera menée courant 2012 pour d’autres spécialités chirurgicales (ORL, urologie, vasculaire, etc.).
Le Dr François Aubart, vice-président du Conseil national de la chirurgie, et chirurgien orthopédique dans le Val-d’Oise, voit d’un œil positif la réorganisation qui se profile dans sa discipline. Mais il rappelle que la permanence des soins hospitalière représente 35 % de la rémunération totale des spécialités à gardes. Reprenant sa casquette syndicale (le Dr Aubart préside la Coordination médicale hospitalière), il déclare : « Il devra y avoir des adaptations pour que les évolutions organisationnelles ne mettent pas en danger l’attractivité des carrières hospitalières ».
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