La loi de santé contestée aux assises hospitalo-universitaires de Marseille

Les CHU ne veulent pas être banalisés

Publié le 04/12/2014
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Marisol Touraine leur a annoncé une nouvelle période de négociation sur sa loi de santé avant le débat parlementaire début 2015. Les responsables des CHU – directeurs généraux, présidents de CME et doyens – comptent saisir le coche pour passer plusieurs messages.

Ils demandent que les futurs groupements hospitaliers de territoire (GHT) associent de façon systématique les CHU pour les volets formation, démographie médicale, recours et recherche. « En l’état actuel de la rédaction, le rôle du CHU est en voie de banalisation. Il faut reconnaître que le centre hospitalo-universitaire n’est comparable à nul autre », déclare Philippe Domy, président de la Conférence des DG de CHU. Le possible changement de pilotage de la recherche clinique inquiète aussi les CHU, qui craignent que le pouvoir soit confié aux ARS.

Ces critiques sont complétées par des propositions. Les hôpitaux universitaires se prononcent en faveur de la création de nouveaux métiers pour les soignants. Ils souhaitent contribuer à « effacer les déserts médicaux », urbains et ruraux, au travers de projets leur permettant de prendre pied dans les zones sous médicalisées – à l’instar du CHU marseillais (AP-HM) qui va ouvrir un centre pluridisciplinaire de santé dans les quartiers Nord de Marseille, offrant des consultations sans rendez-vous 6 jours sur 7. Les CHU entendent aussi « contribuer à structurer les soins de proximité et les parcours » pour les patients précaires ou dépendants.

La grève des libéraux mal perçue

Autre attente : les CHU réclament la suppression de verrous réglementaires pour faciliter l’accueil d’étudiants étrangers et créer des filiales commerciales afin de vendre leur expertise à l’international.

Ces demandes s’inscrivent sur fond de fortes tensions budgétaires. « On nous oblige à des réorganisations qui peuvent être catastrophiques en termes d’épuisement des professionnels et de non-attractivité », s’alarme le Pr Olivier Claris, président de la CME des Hospices civils de Lyon.

La grève des médecins libéraux la dernière semaine de décembre, suivie par l’arrêt d’activité des cliniques début janvier, est mal perçue. « C’est habituel, ils partent aux sports d’hiver en fin d’année, et c’est souvent nous qui faisons face. Ça prouve que l’hôpital est le seul endroit où il y a de la lumière, même pendant la trêve des confiseurs », fustige Philippe Domy, DG du CHU de Montpellier. « Le ministère rouvre des discussions. La grève n’est pas le moyen de faire avancer les discussions », complète le Pr Jean-Pierre Vinel, président de la Conférence des doyens de faculté de médecine.

Delphine Chardon

Source : Le Quotidien du Médecin: 9371