Clap de fin, douze jours après le début du mouvement. Les cliniques privées ont obtenu des gages du ministère de la Santé. Elles reprendront en stage les élèves infirmiers dès que possible, indique la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), au lendemain d’une rencontre avec le cabinet de Marisol Touraine.
Le bras de fer engagé n’a pourtant que partiellement porté ses fruits. Le ministère de la Santé n’a concédé aucun coup de pouce tarifaire au secteur hospitalier privé - le calendrier contraint ne l’aurait pas permis. Le gouvernement maintient par ailleurs la récupération du CICE (crédit d’impôt compétitivité emploi), via une baisse tarifaire plus marquée (-0,24 %) que dans le secteur hospitalier public (0 %).
Accès aux MIGAC
La FHP note cependant plusieurs avancées. L’ouverture, en avril, d’un chantier de simplification (des normes, des autorisations, des modes de facturation...) ; la promesse que les cliniques ne seront pas écartées du service territorial de santé et des missions de service public ; et la possible mise en place d’un accompagnement financier des cliniques. La FHP espère ainsi briser « la captation » par les hôpitaux publics des FIR (fonds d’intervention régionaux) et crédits MIGAC (missions d’intérêt général et aides à la contractualisation).
Un boycott sur fond de campagne électorale à la FHP
La dégressivité tarifaire, elle, reste de mise. Mais peut-être était-il temps de faire machine arrière.
Alors, succès ou échec, ce coup de sang inédit des cliniques ? À quatre mois d’élections visant à renouveler le bureau national de la FHP, d’aucuns y ont vu le signe d’un rapport de force entre le président sortant, Jean-Loup Durousset, et le candidat impatient, Lamine Gharbi. Ce dernier, président de la FHP-MCO, ne désarme pas complètement. « Nous allons attaquer juridiquement le décret sur la dégressivité dès qu’il sera sorti ».
Un point a déjà été gagné à ses yeux : le seuil d’application de la dégressivité a été relevé. Les tarifs dont l’activité aura progressé de plus de 10 % seront susceptibles de baisser en cours d’année (jusque là, le seuil était établi à 4 %). Dix-huit actes médicaux sont concernés, dont la césarienne.
L’opinion publique n’a pas compris la stratégie des cliniques
L’image des cliniques ne s’est pas franchement améliorée ces derniers jours. Jean-Loup Durousset, le président de la FHP, estime toutefois que la fronde a été profitable. « Notre mouvement a révélé la place de l’hospitalisation privée dans le dispositif de formation. Nous accueillons 35 000 stagiaires infirmiers. Le ministère lui-même l’ignorait ».
Marisol Touraine, après avoir vertement critiqué le boycott des stages infirmiers, se félicite de la reprise du dialogue avec les cliniques. Pas sûr que cet épisode ait conduit à la normalisation des relations entre le gouvernement et l’hospitalisation privée, comme le souhaite pourtant la FHP.
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