L'hôpital de Calais fait face depuis janvier à une hausse exceptionnelle des demandes de prise en charge émanant de patients britanniques.
« Nous avons reçu plus de 400 demandes depuis janvier, indique Martin Trelcat, directeur de l'hôpital. Depuis début février, un de nos agents est affecté à temps plein à la réponse aux demandes. J'y ai moi-même participé la semaine dernière. Nous avons traité environ 150 requêtes. »
Cette petite ruée vers Calais résulte d'un accord conclu en 2015 entre l'établissement et le National health service (NHS), le service de santé publique du Royaume-Uni. Cette convention permet aux patients habitant de l'autre côté de la mer du Nord de venir à Calais consulter, subir des examens et des interventions chirurgicales (dans le cadre de leur système de santé) menés par des équipes médicales formées à l'anglais. Cet accord était peu connu jusqu'à récemment : en 2016, l'hôpital de Calais a reçu deux patients britanniques et une quinzaine d'autres en 2017.
Explosion des demandes
Deux phénomènes expliquent cette explosion de sollicitations britanniques : l'annulation début janvier de 55 000 interventions programmées dans les hôpitaux du NHS à la suite d'une épidémie de grippe d'une part ; la relance par l'hôpital français, dans la foulée, d'une communication en insistant sur l'absence de délai de prise en charge d'autre part.
En 2016, le premier patient anglais opéré à Calais, Timothy Brierley, avait attendu deux à trois semaines pour une cholécystectomie contre dix mois dans son pays.
Tous les assurés relevant du NHS peuvent solliciter l'hôpital de Calais, pourvu de 900 lits et places et d'une majorité de chambres individuelles. Quasiment tous les actes les plus courants de médecine, chirurgie et obstétrique peuvent être réalisés en France, indique le directeur de l'hôpital. Les demandes concernent souvent de la chirurgie orthopédique programmée (prothèses de genou, de hanche), de la chirurgie digestive courante (vésicule biliaire), des soins externes, des explorations fonctionnelles ou des examens de biologie ou d'imagerie. L'accord prévoit une procédure d'entente préalable, évaluée au cas par cas, pour les actes très coûteux.
« Peu d'actes sont exclus, ajoute Martin Trelcat. L'accord ne concerne par exemple ni la chirurgie esthétique, ni la transplantation ni la neurochirurgie non vitale. » Et le centre hospitalier ne peut pas répondre aux demandes dans les activités qu'il n'exerce pas, comme la chirurgie ophtalmologique, qui fait pourtant l'objet d'un nombre non négligeable de requêtes. Pas question non plus de prendre en charge des actes déjà refusés par le NHS.
Pas d'incidence pour les patients de France
En revanche, toutes les demandes doivent être validées par le médecin traitant des patients via une lettre d'adressage (referral letter) qui évoque le diagnostic et la prestation demandée (consultation, examen ou chirurgie). Environ un quart des demandes la contient déjà.
« Nous essaierons de répondre à toutes les demandes » valides, indique le directeur de l'hôpital. Le centre hospitalier a « pris le virage ambulatoire », poursuit-il, ce qui lui permet d'augmenter son activité « de manière assez facile ». Certaines interventions (ainsi que les examens) sont ainsi programmables rapidement.
Selon Martin Trelcat, 10 à 20 % des demandes reçues pour des actes de chirurgie et des consultations devraient pouvoir être réalisées à Calais. Sans incidence pour les patients de France, assure-t-il. Et sans renfort en personnel, précise le directeur : « nous avons pris le parti de gérer cela nous-mêmes ».
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