« NOUS SOMMES coincés dans une voie de garage qui arrange tout le monde. Nous ne sommes pas payés cher, et nous travaillons bien ». La présidente du SYNPAH, le Syndicat national des praticiens attachés hospitaliers, a décidé de monter au créneau. Courriers à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS), rencontres avec des parlementaires... Claudine Azoulay veut mettre un terme aux discriminations qui, à ses yeux, confinent les attachés dans une sous catégorie de médecins.
Environ 24 000 personnes travaillent à l’hôpital avec le statut de praticien attaché - l’équivalent de 10 000 équivalents temps plein. Une majorité sont des femmes à temps partiel. Ces médecins sous contrat n’ont pas les mêmes droits que les praticiens hospitaliers (PH). Une discrimination existe au sein même des attachés : ceux qui exercent à temps plein ont des avantages refusés aux temps partiel.
Claudine Azoulay, pharmacienne au CHU de Nantes, cite son cas en exemple. « Je suis praticien attaché depuis 1982. Je travaille à 80 %. N’étant ni PH, ni praticien attaché à 100 %, je n’ai pas droit à la prime d’exercice public exclusif (489 euros par mois) au prorata de mon temps travaillé. Et je cotise à l’IRCANTEC* sur 70 % de mes revenus - contre 100 % pour les PH et les attachés à temps plein ».
Des décrets parus ces derniers mois rétablissent une égalité de traitement entre les PH à temps plein et les PH à temps partiel. Les attachés à temps plein ont bénéficié eux aussi d’avancées catégorielles. Pas les attachés à temps partiel, qui s’estiment lésés, voire ignorés.
Revalorisé, le statut pourrait offrir une alternative à l’intérim
Remonté, le SYNPAH a pris un avocat et déposé un recours devant le Conseil d’État. Claudine Azoulay reprend : « À diplôme égal, les médecins devraient être payés autant à l’hôpital. Certains attachés ont réussi le concours de PH, parfois deux ou trois fois (le concours de PH est valable quatre ans), mais faute de place, ils restent coincés dans le statut d’attaché, sans jamais devenir titulaire. Et en gagnant beaucoup moins. Un attaché en fin de carrière gagne l’équivalent du 5e échelon d’un PH. Grâce à notre statut dont il abuse, l’hôpital embauche à pas cher ».
Le syndicat pense avoir une carte à jouer sur la question des déserts médicaux. Le SYNPAH a rencontré Olivier Véran, député socialiste de l’Isère et PH au CHU de Grenoble, qui prépare un rapport sur l’intérim médical à l’hôpital. « Nous lui avons expliqué que notre statut n’attire plus les jeunes qui préfèrent le privé s’ils n’obtiennent pas de postes à l’hôpital. Le statut d’attaché, s’il était revalorisé, serait pourtant une arme efficace contre les déserts médicaux et l’intérim à l’hôpital », conclut Claudine Azoulay.
* L’IRCANTEC est le régime de retraite complémentaire obligatoire des médecins hospitaliers.
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