C’EST SUR UN MARCHÉ essentiellement tenu par le secteur privé qu’à Lyon, le CHU a décidé de percer : depuis le mois d’octobre, l’Hôpital Édouard Herriot dispose d’un nouveau centre de chirurgie réfractive, équipé d’un laser dernier cri, aux mains d’une équipe de chirurgiens « mixtes », hospitaliers et libéraux. C’est une première dans le genre.
« Ici, nous avons des clients, pas des malades », indique le Pr Carole Burillon, responsable médicale de cette toute nouvelle unité de l’hôpital Édouard Herriot. Tout est dit. Si ce n’est que ce plateau technique de pointe est doté du Ziemer Da Vinci, un laser femtoseconde qui offre une excellente précision, permettant de traiter 90 % des cas de myopie, d’hypermétropie, d’astigmatisme et de presbytie, le tout dans un environnement « sécurisé », comme le souligne le Pr Burillon. Le pavillon d’ophtalmologie de l’hôpital dispose, en effet, d’un service d’urgence où les « clients », susceptibles de devenir « patients » même si le risque infectieux est faible, peuvent donc consulter 24 heures sur 24.
Pour équiper cette unité, tout compris, les Hospices Civils de Lyon (HCL) ont consenti un investissement de 1,5 million d’euros, mais à la condition que des chirurgiens libéraux acceptent de venir y travailler et que le service se déploie. Aujourd’hui, une dizaine de médecins libéraux, structurés en SCM (société civile de moyens), viennent pratiquer cette chirurgie de la vision, deux journées par semaine à Édouard Herriot, moyennant un reversement de 50 % de leurs honoraires à la structure. Si le prix du public de cette chirurgie non remboursée par l’assurance-maladie est fixé à 1 200 euros par œil, les libéraux sont en droit de réclamer plus, « mais ce tarif ne dépasse pas 1 500 euros », affirme Philippe Leynaud. C’est d’ailleurs le tarif moyen, proposé par les centres privés même si certains formulent des offres à 900 euros…
Liberté.
Mais, en définitive, pour quelles raisons les chirurgiens du privé auraient-ils intérêt à venir exercer dans cette unité, quand bien même serait-elle équipée du laser dernier cri ? « C’est une nouvelle forme de liberté », affirme le Dr Leynaud, qui rappelle que la plupart des centres privés de chirurgie réfractive sont dirigés par un investisseur et que les médecins se retrouvent donc « sous les ordres de ce prestataire de service ». Ces libéraux apprécieraient donc de retrouver une certaine « caution médicale ». Du côté des hospitaliers, « nous sommes motivés par le souhait de devenir un exemple d’entente public-privé », assure Carole Burillon. Si la SCM décidait d’investir, il n’est pas exclu que cette activité soit gérée, un jour, par un groupement d’Intérêt économique (GIE). Pour l’heure, elle doit faire ses preuves, notamment en termes de rentabilité, avec un objectif de 800, voire 1 200 patients traités, par an.
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