L'enquête ouverte après le décès de Jean Ligonnet, ce patient de 73 ans retrouvé mort le mardi 2 septembre dans une unité désaffectée au 6e étage de l'hôpital de la Conception (Assistance publique – Hôpitaux de Marseille) est conduite sous le chef d’homicide involontaire, a annoncé ce jeudi 5 septembre le procureur de la République de Marseille. « Suite à l'analyse des éléments disponibles, et notamment après l'autopsie du corps qui n'établit pas l'intervention d'un tiers, a précisé Xavier Tabareux, il a été décidé de poursuivre l'enquête ouverte pour déterminer les circonstances exactes de cette mort, et ce sous le chef d'homicide involontaire. »
Flou sur les circonstances du décès
Depuis la découverte du corps de ce patient en état de décomposition avancée, l’émotion ne retombe pas dans la cité phocéenne. La famille dénonce de graves négligences, les soignants, eux, sont toujours sous le choc.
Pour tous, il est important de comprendre ce qui s’est passé le 19 août dans ce service d'hématologie de l’hôpital de la Conception. Ce jour-là, le septuagénaire, souffrant de démence avec plusieurs troubles associés, est suivi dans cet établissement pour une chimiothérapie. « Il venait depuis 11 mois subir un traitement spécifique, fabriqué sur place », confirme le Dr Régis Costello, le chef de service.
Comme d’habitude, c’est un taxi qui accompagne Jean Ligonnet depuis l’EHPAD où il réside dans le Var. Mais, selon son fils Jean Hospice, ce jour-là, les choses ne se déroulent pas normalement. « Le chauffeur de taxi ne peut pas rester avec lui et passe clairement le relais aux équipes soignantes », raconte-t-il. Dans la salle d’attente, le retard s’amplifie, les infirmières lui proposent un plateau-repas mais perdent ensuite sa trace en quelques minutes et signalent sa disparition peu après 14 heures. « On nous dit que les deux infirmières ont détourné les yeux pendant 30 secondes à peine, mais mon père marchait très très doucement, c'est impossible ! » déplore encore Jean Hospice.
Sitôt sa disparition signalée, la direction de l’hôpital assure avoir déployé le dispositif prévu dans ce cadre, en vain. Ce n'est que 15 jours plus tard qu’une forte odeur nauséabonde repérée par des patients alités oblige l’hôpital à poursuivre les recherches dans ce 6e étage désaffecté. « Il est trop tôt à ce stade pour pouvoir établir avec certitude les circonstances exactes de ce décès, mais le service fermé dans lequel le corps a été retrouvé́ a été visité à plusieurs reprises dès la disparition du patient. À l’occasion de ces visites, aucun signe de sa présence n’avait été décelé », a déclaré Sylvia Breton, la directrice générale adjointe de l’AP-HM lors d’une conférence de presse organisée ce mercredi. La DG adjointe a à peine évoqué les dernières fugues de cet homme de son EHPAD. « Nous n'étions pas au courant d'épisodes récents » de fugue a de son côté précisé le Pr Costello. « Il était connu pour sa pathologie hématologique, pour sa pathologie neurologique, mais pas pour les fugues, c'est un patient qui ne posait aucun problème », a-t-il souligné.
La DG adjointe a aussi présenté ses condoléances à la famille et assuré le personnel traumatisé de son engagement plein et entier. « Nous sommes tous concernés. Notre métier, c’est de soigner, donc on se sent évidemment responsables. Les équipes ont été très choquées par cette découverte. »
Non-assistance à personne en danger
Au-delà des enquêtes de police et de justice, une enquête interne a été diligentée « pour éclaircir les circonstances du drame » car il s’agit maintenant de comprendre ce qui a pu se passer. Comment cet homme a pu se retrouver pris au piège à cet endroit-là ? « Aurait-il emprunté les issues de secours pour monter jusqu’au 6e étage ? », comme le suggère la directrice de la Conception, Catherine Michelangeli.
Pour Jean Hospice, il est impensable que, compte tenu de son état, Jean Ligonnet ait fracturé la porte de la salle où on l’a retrouvé. Le fils maintient ses accusations de négligence et de délaissement. « Ils ont tué mon père », s’indigne-t-il, en fustigeant la lenteur des recherches et le manque de moyens dédiés. « Je suis dégoûté, écœuré parce que mon père ne méritait pas de mourir dans des circonstances comme ça. Que des personnes laissent mourir une personne comme ça, je n’arrive même pas à y croire. »
Aujourd’hui, l’avocat de la famille, Maître Victor Gioia, a annoncé envisager de déposer une nouvelle plainte avec constitution de partie civile pour « non-assistance à personne en danger ».
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