DE NOTRE CORRESPONDANT
TOUTE FERMETURE de service hospitalier s’accompagne d’une question de fond : comment la faire accepter par la population ? Au centre hospitalier de Paimpol, sept ans après la fermeture de la maternité, la réponse n’a toujours pas été trouvée. Les explications renvoient inexorablement à l’aspect financier des décisions. « La fin de la maternité a été vraiment une cassure et sa justification essentiellement budgétaire. Cela a été mal accepté », a ainsi résumé Jean-Yves de Chaisemartin, le maire de Paimpol, au quotidien « Le Télégramme ». Quid alors de la fin programmée du bloc opératoire ? « Le Centre hospitalier avait de grosses difficultés financières (…) il perdait beaucoup d’argent, 1,5 million d’euros par an, il fallait donc faire quelque chose. »
Après la réussite de la maison périnatale, qui accueille autant de mamans qu’il n’y avait d’accouchements avant 2003, la transformation du service chirurgical en « maison périchirurgicale » est censée faire passer la pilule de la fermeture du bloc. Ainsi, le premier magistrat croit savoir que « l’arrêt des actes opératoires (n’est pas) vécu comme une tragédie étant donné que cela n’est pas la fin de la chirurgie. Les actes opératoires auront lieu à Saint-Brieuc tout simplement ».
Consultations avancées de chirurgie.
Au-delà de l’exercice de communication acrobatique, c’est une reconversion de l’établissement qui démarre. Plus exactement qui va encore s’accélérer puisque, comme le reconnaît le directeur Guy Croissant, la fin de la chirurgie la nuit et le week-end, ajouté au départ de praticiens, n’a pas permis de redresser une activité qui comptabilisait ces deux dernières années environ 1 000 actes par an. Une évolution de l’organisation était nécessaire. Un partenariat avec Saint-Brieuc existait déjà sur l’activité chirurgie. Mais, il n’a pas suffi à résorber le déficit qui, pour 2010, a atteint plus de 2 millions d’euros.
Une réflexion était donc déjà en cours lorsque, le 6 juillet dernier, l’ARS a sonné la fin de la chirurgie. « Les esprits étaient finalement préparés à cette décision et le personnel médical ou non était déjà convaincu, affirme Guy Croissant. Certains projets étaient déjà engagés, sur les plaies chroniques ou les soins de suite en rééducation cardiovasculaire. »
En moins de quatre mois, les contours d’un nouveau projet médical, « exemplaire » selon la direction, ont émergé. Outre les 20 lits créés pour les soins de suite et de rééducation cardiaque, une unité d’hospitalisation périchirurgicale va être mise en place pour accueillir les patients en amont et en aval de l’acte opératoire. Des consultations dites avancées de chirurgie seront proposées. Pour ce faire, le départ en retraite en 2012 des deux anesthésistes de Paimpol devrait être compensé par la venue de médecins de Saint-Brieuc. « C’est un véritable enjeu », observe le directeur, qui pense également aux quelque 500 endoscopies digestives qui vont continuer à être pratiquées en ambulatoire.
Les capacités d’hospitalisation de courte durée vont même être augmentées pour garder sous surveillance des patients avant une réorientation, en attente d’une place ou avant transfert en chirurgie. L’ARS a « réservé » deux millions d’euros et va verser 300 000 euros sur quatre ans pour accompagner cette mue. Après ? L’établissement sera soumis au régime de la T2A. Une tarification à l’activité qui a clairement, pour le directeur, « un rôle restructurant ».« Mais, ajoute-t-il, qui n’est pas faite pour travailler sur les filières de patients (par exemple ceux effectuant des séjours dans plusieurs établissements) et l’organisation des soins. »
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