Les internes en médecine de Brest s’apprêtent ce 14 avril à déposer un préavis de grève, en fin de journée, pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et d’accueil. « Nous entamerons, à compter du mardi 22 avril une grève illimitée des gardes et astreintes », confie au « Quotidien » Cédric Mou Chi San, président des internats de Brest.
Après la suppression des deux postes de cuisiniers, le week-end, dans les internats de la Cavale blanche et du Morvan, les internes ont décidé, lors d’un vote à main levée, de manifester leur mécontentement. Ce midi, une centaine d’entre eux ont déjeuné dans le hall de l’hôpital.
« Nous travaillons beaucoup, en moyenne 60 heures par semaine et nous pouvons manger très tôt ou très tard, explique Cédric Mou Chi San. Or, le week-end, les internes n’ont plus à l’internat que des barquettes, préparées à la cuisine centrale, la nourriture est infecte. D’ailleurs, ils ne mangent plus sur place tellement c’est dégoûtant. »
Hôpital à la diète
Au CHU de Brest, on s’étonne de la réaction des internes, que l’on juge disproportionnée.
« La décision de supprimer la présence des deux postes à l’internat le week-end a été prise dans le cadre d’un plan de retour à l’équilibre, explique Gwendal Maringue, directeur des affaires médicales du CHU. Nous ne voulions pas monopoliser un cuisinier pour 10 personnes qui prenaient leur repas le dimanche ».
Dans un courrier adressé aux internes, le CHU souligne que « toutes les catégories de personnels de l’établissement sont concernées par le plan de retour à l’équilibre ».
Le CHU assure qu’il n’y pas de changement dans la qualité des plats servis. « Ils ont toujours été préparés à l’unité de production et réchauffés par les cuisiniers des internats », affirme Gwendal Maringue. Il ajoute que ces plats sont servis à l’ensemble des personnels du CHU. La direction ne voit d’ailleurs pas de la même façon que les internes le contenu de leurs plateaux-repas. « Je mange tous les midis à ce self et je ne suis pas mort, on y mange plutôt bien », souligne avec malice le directeur des affaires médicales.
Cette affaire illustre en filigranes, selon le responsable du CHU, la crainte des internes est de voir fermer leur internat. « Il n’en est absolument pas question », assure Gwendal Maringue.
Problématique nationale
Le dossier ne laisse pas insensible l’Intersyndicat national des internes (ISNI). Son président, Emanuel Loeb, a récemment assisté à une réunion au CHU de Brest. « La problématique de l’accueil en internat est nationale, affirme-t-il. Les CHU sont dans l’obligation de réduire leurs dépenses et leur masse salariale. Et ils ne voient dans l’internat qu’un poste de dépenses. Or, l’internat est aussi un lieu d’échanges et de communication entre professionnels. Il n’est pas rare que les internes se demandent entre eux s’ils ne peuvent pas avoir une consultation ou un examen complémentaire pour un patient. »
L’an dernier, les internes de Metz s’étaient mobilisés pour dénoncer leurs mauvaises conditions de logement et la nourriture insuffisante.
« Je ne comprends pas comment on peut regretter le manque d’attractivité de l’hôpital public et détériorer les conditions d’accueil à l’internat », conclut Emanuel Loeb.
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