Entre crainte d’une nouvelle censure parlementaire et une équation financière qui met à mal toute prise d’initiative, dans quelle mesure une promesse politique faite en janvier est-elle tenable dans ce contexte, ne serait-ce que le mois d’après ?
C’est l’interrogation qui a parcouru les salons de l’Automobile Club de France, mercredi 8 janvier à Paris, à l’occasion des vœux de la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Un sentiment d’autant plus vif qu’une brochette d’anciens ministres de la Santé se sont partagé la scène avec le président Lamine Gharbi : Frédéric Valletoux, Aurélien Rousseau, Agnès Buzyn et Élisabeth Hubert. Ce qui a eu pour effet d’accentuer le parfum d’éphémère aux narines des ministres en poste Catherine Vautrin (Travail, Santé, Solidarités, Familles) et Yannick Neuder (Santé, Accès aux soins), également présents à ces agapes.
L’Ondam, il y a celui des tableurs Excel et celui de la vie
Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles
Sans surprise, les cliniques ont fait savoir à leurs ministres de tutelles leur inquiétude au regard du manque de budget de la Sécurité sociale pour 2025, faute de projet de loi voté après la censure du texte présenté par le gouvernement Barnier. Après avoir rappelé qu’une clinique sur deux était déficitaire en 2024 – « une première dont nous nous serions bien passés » – Lamine Gharbi a détaillé sa liste de vœux. Premier d’entre eux : avoir « de la visibilité après avoir vraiment souffert ces derniers mois ».
Tiraillée entre son désir de tenir « un discours de vérité » et le contexte politique qui ne lui facilite pas la tâche, Catherine Vautrin a timidement ouvert la porte à une augmentation des dépenses de santé via l’Ondam dans le futur texte budgétaire. Car l’Ondam, a insisté la ministre, « il y a celui des tableurs Excel et celui de la vie ». Ces nouveaux crédits pourraient être fléchés vers les Ehpad, l’autonomie et le grand âge ainsi que les soins médicaux et de réadaptation (SMR). Une petite annonce qui allait dans le sens des cliniques, très présentes sur ce segment et qui jugent que la dernière réforme des ex-SSR a induit, pour un même séjour, un différentiel tarifaire de 35 à 85 % entre le public et le privé.
« Les preuves, c’est mieux »
Comprenant qu’en amour, « les preuves, c’est mieux » qu’une simple déclaration, la ministre souhaiterait « avancer » sur deux sujets prioritaires pendant le premier semestre 2025 : le financement et la mise en œuvre de l’avenant social numéro 33 sur la rémunération des emplois dans le sanitaire et le médico-social de l’hospitalisation privée ; la pluriannualité de financement réclamée par toutes les fédérations hospitalières. Lamine Gharbi aurait souhaité qu’un protocole soit signé le 6 février 2025, jour d’anniversaire de la signature du premier accord sous l’égide d’Agnès Buzyn, le 6 février 2020. Un délai jugé trop court pour son successeur.
Catherine Vautrin s’est également bien gardée de prendre des engagements sur la restitution des crédits hospitaliers mis en réserve début 2024 et traditionnellement débloqués chaque fin d’année en fonction de la tenue de l’Ondam.
Devant un parterre de plusieurs centaines de personnes, la ministre et Yannick Neuder ont préféré axer leurs propos sur des propositions plus consensuelles : la formation des professionnels de santé, la coordination dans les territoires et la prévention. Sur ce dernier point, Yannick Neuder est allé jusqu’à enjoindre le public à se faire vacciner contre la grippe. Dernier point qui, comme le champagne, aura eu le mérite de réunir tout le monde : le soutien aux Mahorais. Quant à 2025, Catherine Vautrin a espéré que là aussi, ce sera « un excellent millésime ».
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