Le syndicat Force ouvrière (FO) a fustigé, ce lundi, la fermeture ou la suppression de plus de 1 800 lits d'hospitalisation au premier trimestre 2021, réclamant que le gouvernement « rompe avec une approche essentiellement financière pour regarder les besoins de la population ». « Du 1er janvier au 31 mars 2021, en pleine pandémie, nous sommes parvenus à objectiver 1 800 suppressions ou fermetures de lit », a détaillé le secrétaire général de FO-Santé Didier Birig, lors d'une conférence de presse, en jugeant ce résultat « édifiant ».
Selon l'état des lieux effectué par le syndicat grâce à une consultation auprès de l'ensemble de ses membres, il manque à l'appel 19 lits en Normandie, 40 en Bretagne, 224 en Pays de la Loire… Suppressions par décision politique ou fermetures par manque de personnel, « le résultat est le même : l'offre de soin diminue », a fait valoir Didier Birig.
Conditions de travail
« Il n'y a pas eu de changement de paradigme comme promis par Emmanuel Macron à Mulhouse », a-t-il ajouté en référence au plan massif d'investissement promis par le président de la République le 25 mars 2020 au cœur de l'épidémie de Covid-19. Plus tard, en juillet 2020, c'est Olivier Véran qui, au moment d'annoncer les conclusions du Ségur de la santé, avait assuré vouloir « changer de logique sur la question du capacitaire ». « Je veux sortir des dogmes et des guerres de positions, qu'il s'agisse de la fermeture systématique des lits ou du refus systématique de toute réorganisation », avait-il alors déclaré.
Un constat « alarmant » qui n'est pas sans conséquence non plus pour les soignants dont « l'attractivité des métiers dépend fortement des conditions de travail », a ajouté Didier Birig. Si « la première phase du Ségur sur les salaires, les carrières, a permis des avancées qui ne sont pas à la marge pour les agents », la question du nombre de lits et des conditions de travail doit « être remise en avant », a insisté le syndicaliste, réclamant au ministère de la Santé « un groupe de travail, une conférence pour rediscuter du capacitaire ».
Des lits pour les pics d'activité
« Nous demandons que l'on renverse l'approche politique en matière de soins, de santé », a demandé le numéro un de FO Yves Veyrier. « On ne peut pas séparer la qualité du soin, l'accueil des patients, des conditions dans lesquelles on laisse travailler les agents du service public et de l'hôpital en particulier », a-t-il ajouté. FO réclame l'arrêt immédiat des fermetures de lits, la réouverture de ceux nécessaires à une prise en charge de qualité, la création de 15 000 postes et « un changement radical d'orientation hospitalière ».
Interrogé par l'AFP, le ministère de la Santé a indiqué que le Ségur avait prévu la possibilité d'ouvrir ou de rouvrir « 4 000 lits en fonction des besoins ». Une enveloppe de « 50 millions d'euros » est mise à disposition des agences régionales de santé (ARS) « chaque année » pour « financer des lits lors des épisodes de pics d'activité saisonniers », a-t-on assuré. « Pour le seul hiver 2020-2021, 2 856 lits ont été ouverts, dans 249 établissements », a précisé le ministère.
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