C’est tambour battant que la Fédération hospitalière de France (FHF) a fait sa rentrée ce mardi matin, avec une conférence de presse au parfum très politique. À moins d’une semaine d’une possible chute de François Bayrou et de son gouvernement, le président de la FHF, Arnaud Robinet, a appelé les parlementaires à « la responsabilité », déplorant la situation d’instabilité politique actuelle et réclamant au contraire de la visibilité pour le secteur.
Souhaitant urgemment « sortir de la navigation à vue », le maire Horizons de Reims a affiché son agacement, au nom des établissements comme des personnels. « Cette improvisation permanente n’est pas tenable. Pour le PLFSS 2026, nous sommes en train de revivre la même séquence que l’an dernier, mais en pire ! Avec un budget adopté tardivement, s’il est adopté, des arbitrages qui se font attendre et des équipes laissées dans l’incertitude. Pour 2026, tout laisse à penser que le PLFSS n’arrivera qu’au printemps, en mars ou en avril, soit beaucoup trop tard et avec des moyens qui s’annoncent d’ores et déjà insuffisants », a taclé le président de la FHF.
Non à la politique du rabot
S’il est conscient de la situation budgétaire difficile du pays, Arnaud Robinet a dénoncé toute « politique du rabot », appelant de ses vœux des financements adaptés et programmés. La FHF a fait ses calculs. Les cinq milliards d’euros d’économies réclamés mi-juillet à la santé dans le plan Bayrou correspondraient à « un Ondam de 1,8 %, historiquement bas, totalement déconnecté des besoins des établissements ».
La Fédération demande au contraire « un financement accru », avec une hausse de l’Ondam hospitalier 2026 de 3 %. Outre la croissance de 2,5 % des moyens des hôpitaux, la FHF y ajoute une augmentation de 0,5 % de la compensation du relèvement des cotisations retraites (CNRACL). Et dans le champ médico-social, une progression de 4 % est jugée « impérieuse » pour poursuivre le développement de l’offre et répondre aux nécessités démographiques. Des objectifs à inscrire dans une « programmation pluriannuelle », plaide à cor et à cri la FHF.
Comme depuis deux ans, le lobby hospitalier réclame parallèlement « un juste financement » (dans la future campagne tarifaire) de toutes les activités fragiles, notamment celles qui, selon lui, restent sous-financées et à fortes contraintes (réanimation, médecine avec nuitées, pédiatrie, chirurgie lourde de recours, etc.).
L’efficience sans vision, c’est l’austérité
Arnaud Robinet, président de la FHF
Mais la FHF ne se contente pas de réclamer des moyens supplémentaires. Elle estime que des arbitrages devront avoir lieu dans une logique territoriale et d’efficience, y compris avec la remise à plat des nomenclatures d’actes, la réduction de tarifs dans certaines filières (comme en « radiologie conventionnelle »), la lutte contre le gaspillage médicamenteux et le recours accru à la responsabilité populationnelle (un programme promu par la Fédération qui a déjà montré ses résultats de réduction des passages aux urgences dans les territoires concernés). « L’efficience sans vision, c’est l’austérité », réaffirme Arnaud Robinet.
Dynamique positive sur les RH mais tensions persistantes
C’est dans ce contexte que la FHF a dévoilé les résultats de son enquête annuelle sur la situation des ressources humaines hospitalières en 2024, traduisant une « dynamique positive » mais encore fragile.
Si la quasi-totalité des établissements publics (96 %) rapportent des difficultés de recrutement de médecins pour 2024, ces dernières tendent à se concentrer sur certains secteurs. Les spécialités les plus à la peine sont la gériatrie (60 %), les urgences (55 %), l’anesthésie (50 %), la psychiatrie (38 %) et la radiologie (38 %).

Pour ce qui concerne le personnel paramédical, l’embellie amorcée en 2023 se poursuit en 2024, avec une baisse significative des difficultés de recrutement (9 % des établissements répondants versus 25 % en 2023), même si les métiers infirmiers restent sous forte tension, en particulier dans des disciplines et des modes d’exercice spécifiques, comme la gériatrie, le bloc opératoire ainsi que pour le travail de nuit en organisations fixes ou alternantes.
Même évolution positive en ce qui concerne le taux d’absentéisme de la fonction publique hospitalière, qui confirme son recul en 2024. Au global, il a baissé de 0,3 point sur un an (à 9,2 % en 2024), se rapprochant du taux de 2019 de 8,9 %. « La poursuite du recul de l’absentéisme, au plus près de son niveau d’avant-Covid, constitue un autre signal très positif », diagnostique aussi la FHF.
Pour autant, « sans programmation et financement à la hauteur des besoins, ce cercle vertueux s’effacera aussi vite qu’il s’est amorcé », alerte la Fédération, qui redoute le risque de « déstabilisation », au détriment des hospitaliers.
Les syndicats de l'AP-HP appellent à préparer une grève contre le plan d’économies de Bayrou
Hôpital public : près de 3 milliards de déficit en 2024, un record
Antennes, filières SAS et régulation par le 15 : l’aggiornamento des urgences
Réforme des EVC : les Padhue restent sur leur faim