« Pérenniser le système de santé passe nécessairement par l’hôpital de proximité », plaide la Fédération nationale des établissements de santé de proximité (FNESP*), qui adresse à son tour une série de propositions aux candidats à la présidentielle.
Premier niveau de la gradation des soins hospitaliers, à la jonction de la ville et de l’hôpital général, au croisement du sanitaire et du médico-social, les quelque 350 établissements de santé de proximité (ESP) – ex-hôpitaux locaux ou établissements nouvellement labellisés comme tels – disposent « de la réactivité et de la plasticité permettant de fluidifier les filières et décloisonner les acteurs », argumente la FNESP.
Suppression délétère des lits de médecine
La fédération du secteur juge le contexte porteur. La réforme de 2016 sur la labellisation d'une liste d'hôpitaux de proximité, avec financement ad hoc, marque à ses yeux « la prise de conscience des pouvoirs publics d’un effet délétère de la suppression en 2009 des hôpitaux locaux et des suppressions de lits de médecine qui ont suivi ». La FNESP se dit persuadée que les établissements de santé de proximité sont particulièrement bien placés pour répondre aux défis actuels (vieillissement et incapacités, baisse du nombre de généralistes libéraux, nécessité de décloisonner les parcours et les expertises dans les champs du sanitaire et du médico-social, responsabilité territoriale pour combattre les inégalités de santé). Encore faut-il rendre ces hôpitaux encore plus visibles et plus robustes.
Forte de ce constat, la FNESP identifie trois priorités. La première vise à sortir du « modèle unique » pour renforcer à nouveau le maillage territorial des petits hôpitaux, notamment dans les « zones blanches » où ces établissements ont disparu. De nombreux territoires ont en effet été confrontés à une « vague de fermeture de lits de médecine » dans les années 2010, « sous couvert d’une application mécanique du modèle des vastes unités de plus grands centres hospitaliers, en dépit de la qualité de l’offre et des besoins des bassins de population », déplore la fédération.
Elle propose d’assouplir les régimes d’autorisations de lits de médecine pour permettre à des établissements disposant déjà des ressources nécessaires de « retrouver des solutions d’hospitalisation de médecine adaptées aux besoins du territoire ». Autre recommandation : laisser les coudées franches aux acteurs de proximité pour dimensionner leur offre « en adéquation avec les besoins de territoires » (unités mixtes ou mono-activité). Enfin, il conviendrait de « réinvestir le modèle des hôpitaux de proximité plus fortement sur les territoires les plus fragiles », demande la FNESP. Le
L'attractivité, mère des batailles
Le deuxième axe ambitionne de décloisonner les secteurs du sanitaire et du médico-social et de se donner les moyens d'accompagner les aînés. La fédération plaide pour des « ratios minimums d’encadrement » auprès des résidents pour atteindre « dès l’année prochaine une norme minimale de 0,8 personnel soignant par résident ». Et pour la FNESP, c'est l’établissement de santé de proximité qui est le plus pertinent pour devenir le « centre de ressources et de partage » pour le secteur médico-social dans chaque territoire. Dans cette approche transversale, il pourrait ainsi assurer « le développement et la cogestion d’équipes mobiles (soins dentaires, la géronto-psychiatrie, médecine du travail) et de pools paramédicaux ».
Le dernier axe consiste à doper l’attractivité du secteur. Pour renouveler « un patrimoine foncier parfois inadapté ou devenu obsolète », il est urgent de réinvestir financièrement dans l’environnement et les outils (bâti, équipements et plateaux techniques en proximité). Télémédecine, consultations avancées ou encore accueil sont ici des enjeux prioritaires, après une décennie de « sous-investissement ».
La FNESP propose aussi de favoriser et valoriser l’exercice mixte ville/hôpital des professionnels médicaux et paramédicaux en levant les freins économiques ou statutaires. Et pour faire découvrir aux jeunes « la richesse » des établissements de proximité, la FNESP soumet l’idée d'inclure un « stage obligatoire » dans les maquettes de formation.
* En 2021, l’Association nationale des centres hospitaliers locaux (ANCHL) et l’Association des médecins généralistes en hôpital local (AGHL) ont uni leurs forces en devenant la Fédération nationale des établissements de santé de Proximité (FNESP).
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne