Reconduit pour un second mandat de trois ans à la présidence* d'Unicancer, la fédération des centres de lutte contre le cancer (CLCC), le Pr Jean-Yves Blay entend peser à l'occasion des débats du Conseil national de la refondation lancés lundi dernier au Mans. « Je compte poursuivre la dynamique d’excellence et d’innovation que nous avons engagée avec un triple objectif : faire avancer la lutte contre le cancer, conforter le modèle d’excellence des CLCC et participer activement à la définition des politiques publiques de santé », a précisé le directeur général du Centre Léon Bérard de Lyon, à l'issue de l'assemblée générale de la fédération.
À court terme, celle-ci aimerait obtenir enfin – à l'instar de la Fehap qui représente le secteur privé non lucratif –, la suppression du coefficient de minoration de ses tarifs de soins de 1,6 % par rapport aux hôpitaux public. « C'est une distorsion historique qui n'a plus lieu d'être et qui est aujourd'hui source de fragilité pour nous », plaide le Pr Blay. L'oncologue fait valoir que le modèle des CLCC « a su apporter la preuve de sa pertinence, de son efficacité et de son agilité dans un contexte difficile marqué par la crise sanitaire ». Depuis, les centres ont retrouvé leur activité d'avant le Covid et ont même enregistré une hausse de l'activité de soins de 6 % entre 2019 et 2021.
Pour les pratiques avancées
Comme l'ensemble des établissements hospitaliers, les CLCC font face à des difficultés importantes en termes de ressources humaines, qui ont conduit cet été à des fermetures de lits de l'ordre de 7 % en moyenne et jusqu'à 20 % dans les plus gros centres. Actuellement, la vacance de postes s'établit à 10 % des postes d'IDE, 4 % des postes d'IADE et d'IBODE et 6,6 % des postes de manipulateurs radio, avec des écarts très importants – la région parisienne étant plus touchée que la province.
S'agissant des médecins, les taux de vacance sont « très variables selon les spécialités, complète Sophie Beaupère, déléguée générale d'Unicancer. Les plus en tension sont l'imagerie, l'anesthésie et la radiothérapie. Il y a aussi de grandes variations selon les régions – la vacance de poste peut atteindre 30 % dans certains centres – d'où l'intérêt de pouvoir offrir des offres communes par exemple de téléradiologie. »
Pour ces raisons, la fédération Unicancer est intéressée par le développement de la pratique avancée infirmière. Les CLCC comptent à ce jour 45 IPA (un renfort pour l'instant limité à l'onco-hématologie). « Nous sommes très favorables aux IPA, explique la déléguée générale. À l'occasion du CNR, nous avons dit aussi qu'il fallait simplifier le dispositif et faire en sorte qu'une validation des acquis de l'expérience puisse être mieux prise en compte, notamment pour les infirmières de coordination. Nous souhaitons également élargir la pratique avancée à d'autres métiers notamment les manipulateurs. » La fédération y voit un moyen d'attirer et de fidéliser les personnels.
Revalorisations rétroactives
Fédération patronale, Unicancer a également signé, au cours des trois dernières années, 27 accords avec les partenaires sociaux notamment de revalorisations salariales à la suite du Ségur de la santé de juillet 2020. Il y a quelques jours encore, un texte signé l'unanimité a acté des augmentations corollaires à celles du public. « Nous saluons la décision de transposer aux CLCC l'augmentation du point d'indice octroyée aux agents de la fonction publique dans une logique d'équité de traitement », se félicite Sophie Beaupère, précisant que ces revalorisations seront rétroactives au mois de juillet.
Dans un contexte de tensions sur les ressources humaines, Unicancer veut mettre en valeur « les parcours professionnels attractifs et stimulants » proposés dans les centres de lutte contre le cancer. Un organisme de formation interne a été créé qui permet de faire monter en compétence les professionnels sur des thèmes allant du management aux essais cliniques.
Enfin, Unicancer va lancer une démarche prospective à la faveur de l'analyse des données afin de « comprendre de manière scientifique quelles sont les attentes des professionnels », explique Sophie Beaupère. Un chantier qui sera piloté par le Pr Yvon Berland, ex-président de l'Université d'Aix-Marseille.
* Nouveau bureau d'Unicancer : Président : Pr Jean-Yves Blay, directeur général du Centre Léon Berard de Lyon. Présidente déléguée : Pr Frédérique Penault-Llorca, directrice générale du Centre Jean Perrin de Clermont-Ferrand
Vice-présidents : Pr Fabrice Barlesi, directeur général de Gustave Roussy de Villejuif, Pr Jean-Pierre Delord, directeur général de l’Institut Claudius Regaud IUCT-Oncopole de Toulouse, Pr Eric Lartigau, directeur général du Centre Oscar Lambret de Lille, Pr François-Xavier Mahon, directeur général de l’Institut Bergonié de Bordeaux, Pr Marc Ychou - Vice-président - Directeur général de L'Institut du Cancer de Montpellier
Trésorière : Viviane Joalland, directrice générale adjointe de l’Institut de Cancérologie de l’Ouest d'Angers-Nantes
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