Dans une tribune publiée la semaine dernière dans le quotidien « Les Échos », Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistancepublique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) décrivait, par le menu les préconisations qu'il avait transmises au gouvernement. Un étalage d'idées pour réformer l'hôpital public qui n'a pas été tout à fait du goût de plusieurs syndicats de praticiens hospitaliers.
À l’image du Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi (Snphare) qui dénonce « la casse des statuts et l’application de la logique contractuelle individuelle » qui ne sont pas des « solutions miracles » au recrutement et à la fidélisation des professionnels, selon lui. Il estime notamment que la suppression du statut unique de PH et de la grille uniforme des émoluments, « ne restaurera pas l’attractivité de l’hôpital », d'autant que « la subjectivité et l’iniquité dans l’attribution de ces parts salariales variables ne font que créer des conflits au sein d’équipes ». Si l'organisation rejoint l’ex-président d'Emmaüs sur l’importance de valoriser les activités institutionnelles, managériales, d’enseignement et de recherche, il estime néanmoins « essentiel » de redonner du temps ou des moyens humains aux équipes.
Décompte du temps de travail
D’accord aussi avec le directeur de l’AP-HP sur le principe d’une revalorisation de la permanence des soins, le syndicat milite pour que celle-ci soit basée sur « des critères objectifs », notamment le décompte horaire du temps de travail qui l’AP-HP « refuse depuis vingt ans de mettre en œuvre ». D’autre part, le Snphare rejette aussi en bloc l’idée d’affecter les médecins dans un établissement « par période de cinq ans renouvelable ». Les projets collectifs (recherche, innovation, création de parcours de soins coordonnés, etc.) se construisent « dans le temps et la douceur » et non dans « la précipitation », recadre le Snphare.
De son côté, l’intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH), juge que la plupart des propositions de Martin Hirsch sont « en décalage » avec les métiers du soin hospitalier. Comme le Snphare, elle souligne que l’attractivité va au-delà du problème des rémunérations, qui doivent certes être revalorisées, mais « sans lien avec de l’intéressement et de la spéculation ». Selon l’intersyndicale, il y a en effet d’autres composantes de l’attractivité : permanence des soins, temps de travail, reconnaissance de la pénibilité, etc.
Statut, gage d'équité
Autre motif d’inquiétude pour APH : la « casse » du statut. « Tous ces nouveaux contrats dont rêve Monsieur Hirsch ne font pas avancer l’hôpital : ils continuent à le détruire davantage », assène l’intersyndicale. Et de marteler que le statut de PH est un « gage de sûreté pour ce corps, mais également d’équité sur l’ensemble du territoire national ».
Quant à la mobilité vantée par le directeur de l’AP-HP, elle serait « destructrice de l’équipe et de tout projet professionnel » qu'elle contribuerait à envoyer les praticiens « vers des carrières « à vie » dans les établissements qui le proposent : les établissements privés ».
Sur le volet « gouvernance », l’intersyndicale réfute aussi le diagnostic de Martin Hirsch qui accuse notamment les médecins de « défendre leur propre service, leurs élèves, leurs lits, leurs propres projets ». Pour APH, avant de lancer tout projet de réforme de gouvernance, il faut un prérequis : « une réelle démocratie sanitaire, dans la désignation des chefs de service et de pôle autour d’un projet médico-soignant ».
Enfin, le syndicat SUD santé de l'AP-HP déplore également que les propositions du directeur général ne « répondent pas aux vrais enjeux de santé publique », tout en exigeant « un vrai débat » sur certaines d’entre elles : refonte du statut, hyperspécialisation des métiers, individualisation des salaires, financement, etc. La rémunération ne peut pas non plus être « dissociée des conditions de travail », poursuit le syndicat, toutefois favorable à une compensation géographique, « tant on vit moins bien en Île-de-France avec le même salaire, que dans d’autres endroits en France ».
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