Plus de 1 million de patients ont répondu en 2024 au questionnaire e-Satis de la Haute Autorité de santé (HAS). « L’évaluation de la qualité des soins est utile pour le travail des professionnels de santé et pour les médecins prescripteurs », insiste le Pr Lionel Collet. Le président de la HAS se félicite du succès de ce questionnaire (mis en ligne depuis 2016) qui évalue l’expérience et la satisfaction des patients pendant leur prise en charge hospitalière dans près de 2 500 hôpitaux et cliniques.
Les résultats sont publiés sur Qualiscope. Ce site de la HAS permet à chacun de s’informer sur le niveau de qualité et de sécurité des soins dans les hôpitaux et cliniques de France dans cinq secteurs d’activité : la médecine chirurgie-obstétrique (MCO), la chirurgie ambulatoire, les soins médicaux et de réadaptation (SMR), l’hospitalisation à domicile et la psychiatrie.
Chez les patients, les scores de satisfaction continuent d’augmenter en chirurgie ambulatoire (79,5 sur 100, + 0,6 point par rapport à 2023), en SMR (76,7 sur 100, + 1 point) et en MCO de plus de 48 heures (74,8 sur 100, + 0,5 point).
• MCO : peut mieux faire pour la sortie
En MCO de plus de 48 heures, la prise en charge médicale (82 sur 100), la prise en charge paramédicale (82,3) et l’accueil (74,7) sont bien notés. Mais, comme en 2023, l’organisation de la sortie (65), les chambres et les repas (68,4) restent des axes à améliorer.
• Chirurgie ambulatoire : suivi post-op pour 7 patients sur 10
La chirurgie ambulatoire est en progression par rapport à 2023 aux différentes étapes de la prise en charge : 83,4 sur 100 pour les démarches d’évaluation ; 85,5 pour la prise en charge médicale le jour J ; et 82,3 pour l’accueil. Chez 8 personnes sur 10, l’évaluation de l’éligibilité du patient à une intervention en ambulatoire est bien réalisée. Le suivi postopératoire est effectué pour plus de 7 patients sur 10.
Comme en 2023, des axes d’amélioration subsistent sur l’anticipation de la douleur postopératoire, qui reste insuffisante. Seuls 4 patients sur 10 ont reçu une ordonnance d’antalgiques avant l’admission et moins de 7 patients sur 10 ont bénéficié d’une lettre de liaison satisfaisante à la sortie d’hospitalisation.
• HAD : davantage de dossiers conformes
Concernant l’hospitalisation à domicile, la tenue du dossier patient s’améliore (89 % de dossiers conformes, + 3,5 points versus 2021) ainsi que la coordination de la prise en charge (78 %, + 8 points versus 2021).
• Psychiatrie : des efforts sur une population en grande difficulté
Les établissements n’en sont qu’au début de l’évaluation des patients souffrant de pathologie psychiatrique sévère. Ces derniers ont une espérance de vie inférieure de 20 % à celle constatée en population générale, avec le suicide comme première cause de surmortalité. Leur évaluation commence à prendre forme : les indicateurs se sont améliorés chez 69 % des adultes (+ 9 points vs 2021) pour l’évaluation cardiovasculaire et métabolique, et chez 46 % d’entre eux (+ 17,5 points) pour l'évaluation gastro-intestinale. Le repérage et la proposition d’aide à l’arrêt des addictions sont effectifs pour 65 % d’entre eux (+ 10,6 points).
• Hygiène des mains : le « relâchement »
Pour la deuxième année consécutive, la consommation de solutions hydroalcooliques (79 %) est clairement en baisse (- 3 % vs 2023 et - 16 % vs 2022). « Nous observons un relâchement et nous attendons une progression », indique la Dr Laetitia May-Michelangeli, cheffe du service évaluation et outils pour la qualité et la sécurité des soins à la HAS. Seules 28 % des structures atteignent un niveau de consommation « satisfaisant » pour la HAS.
• Vaccination : 30 % des soignants vaccinés contre la grippe dans 19 % des établissements
Alors que l’objectif de l’OMS est un taux de couverture vaccinale antigrippale de 75 % en milieu soignant, les professionnels de santé à l’hôpital (qui ne sont pas obligés de se faire vacciner contre la grippe) affichent des résultats médiocres. Dans à peine 19 % des établissements, seul un tiers des professionnels de santé sont vaccinés. Pendant l’hiver 2023-2024, seuls 0,4 % des établissements avaient un taux de couverture exemplaire (75 % ou plus) et plus de la moitié (52 %) un niveau très insuffisant (28,8 %). « Un des objectifs de la stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance est de réduire le fardeau de la grippe nosocomiale en augmentant les taux de couverture vaccinale antigrippale en milieu de soins », commente la HAS.
70 établissements non certifiés faute de qualité suffisante
Fin 2024, 70 établissements (4 % du total) n’ont pas été certifiés pour cause de qualité « insuffisante », un pourcentage qui n’a « jamais été aussi élevé ». Ils feront l’objet d’une nouvelle visite entre 12 et 24 mois. 144 établissements (9 %) devront faire la preuve d’une amélioration rapide dans les 6 à 12 mois.
Reste que 87 % des établissements de santé (1419 structures) répondent aux exigences attendues de qualité des soins. Les CHU et les centres de lutte contre le cancer « répondent très bien aux exigences, quand d’autres établissements plus généralistes ont des attendus plus difficiles à atteindre », analyse Patrick Méchain, responsable du service de certification à la HAS. C’est le cas des établissements spécialisés en psychiatrie ou de ceux situés dans les départements d’Outre-mer, en Corse et en Normandie.
La prochaine visite de certification est prévue dans quatre ans.
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