LE QUOTIDIEN : Vous recevez lors de vos Journées nationales Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé et de la Prévention. Qu’allez-vous lui demander ?
Nous allons lui poser un certain nombre de questions que nous avons recensées auprès de nos adhérents, concernant le déploiement de l’innovation, l’accompagnement du développement de l’activité, des investissements et du plan Santé 2030, compte tenu de la situation budgétaire de nos établissements. Nous allons également l’interroger sur les modalités d’application de la disposition, actée par la loi du 27 décembre 2023, autorisant les groupements hospitaliers de territoire (GHT) à acquérir la personnalité morale, car nous sommes favorables à l’évolution des GHT, dont le fonctionnement mériterait d’être évalué. Nous le questionnerons aussi sur la reconnaissance de l’innovation territoriale qui nécessite d’adapter les décisions et les organisations aux contextes locaux.
Parmi les sept dimensions qui vont être déclinées pendant ces Journées figure « la direction d’un hôpital en transformation continue ». Est-ce à dire que vous regrettez la succession de réformes concernant l’hôpital ?
Ce ne sera pas le sens de la table ronde. Nous voulons surtout rappeler que l’hôpital est une structure vivante qui sait s’adapter en permanence, comme en a témoigné ce que les hospitaliers ont réalisé durant la crise sanitaire ou comme en témoigne aujourd’hui la mise en place des services d’accès aux soins. Au-delà de la question des réformes, qui s’inscrivent d’ailleurs depuis plusieurs années dans la continuité, nous valoriserons aussi la co-construction, que ce soit avec les présidents de CME, les doyens, ou encore les directeurs des soins. En avril 2023, nous avons cosigné une note de doctrine promouvant l’hybridation de la gouvernance. Car c’est dans la force du collectif que nous bâtissons. Notre association prône aussi la création de viviers inter-fonctions publiques. Nous ne sommes pas opposés à ce que d’autres profils intègrent un vivier de compétences aux parcours permettant de diriger des établissements. Dans le même sens, nous sommes favorables à la constitution de viviers similaires pour les plus hauts emplois, dans la continuité des travaux que nous avons menés lors de la mission pilotée par Frédéric Thiriez.
Vous abordez le défi démographique à travers un double prisme : le vieillissement de la population et le renouvellement générationnel des professionnels. Pourquoi associer les deux sujets ?
Tous deux ont un impact sur le fonctionnement de nos structures. L’accueil de personnes de plus en plus âgées nécessite de renforcer les liens entre les secteurs sanitaire et médico-social, de favoriser les entrées directes dans les services et d’apporter des réponses nouvelles en termes de prise en soins. Nous aborderons également les sujets du recrutement, de l’attractivité et de la fidélisation qui sont une préoccupation de chaque instant même si la situation est très hétérogène en fonction des territoires et des établissements. Dans les centres hospitaliers du Nord Aveyron que je dirige, nous enregistrons depuis 2017 un solde positif : 100 paramédicaux et 60 médecins en plus, avec des secteurs toutefois en tension. Les évolutions du Ségur et les revalorisations récentes sont des vecteurs forts d’amélioration.
Une table ronde porte sur les « disruptions ». Pourquoi ce choix ?
Parce que la volonté de simplification, d’assouplissement des règles, « la liberté n’empêchant pas le contrôle » est une marque et une demande fortes de notre association. J’ai envie de citer en exemple le décret du 7 avril 2023 qui acte la possibilité accordée aux directeurs généraux des agences régionales de santé de déroger aux normes arrêtées par les administrations de l'État pour un motif d'intérêt général. Nous avons besoin de cette liberté d’action sur nos territoires pour libérer les énergies, comme nous pouvons le faire dans le pilotage hospitalier.
Le Pr Didier Carrié présentera l’association Hôpitaux d’Occitanie Ouest qu’il préside et qui encourage le travail en commun des GHT. Dans le même sens, en décembre 2023, lors des Assises hospitalo-universitaires, les trois conférences (directeurs, présidents de CME et doyens) ont dévoilé des propositions très novatrices notamment pour universitariser les territoires. Nous devons pouvoir sortir de nos schémas classiques de fonctionnement pour dynamiser la vie hospitalière et territoriale. Cette réflexion vaut d’ailleurs aussi pour le management interne. Nous sommes collectivement et en permanence en quête d’amélioration pour renforcer notre attractivité.
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