La téléconsultation intègre les DU de médecine générale

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Publié le 13/01/2023
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Alors que la téléconsultation a été plébiscitée durant puis à la suite de l’épidémie Covid-19, les départements de médecine générale prennent désormais en compte ce nouveau type de relations médecin-patients. Illustration avec deux thèses, une à Marseille, l’autre à Nice, et un module d’enseignement aux internes à l’Université de Paris Sorbonne.
Une relation à distance qui ne doit être privilégiée que lorsque le patient est connu du médecin

Une relation à distance qui ne doit être privilégiée que lorsque le patient est connu du médecin
Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

Si le rapport de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) de décembre 2022 (1) a permis de dresser un portrait des utilisateurs de téléconsultations (plutôt jeunes et urbains), on en sait bien moins sur les médecins généralistes qui ont réalisé les 10,5 millions d’actes de consultation à distance remboursés au cours des 12 derniers mois. Tout au plus, sait-on qu’en 2022 l’Assurance-maladie a fixé un seuil d’activité de téléconsultation de 20 % annuellement afin de lutter contre la prolifération des officines privées proposant exclusivement une médecine à distance.

Répondre à une demande des patients

Le remboursement des téléconsultations a débuté en 2018, avant la pandémie
Covid-19. Les départements de médecine générale des universités se sont intéressés dès cette date à l’impact de cette pratique sur la relation médecins-patients. C’est par exemple le cas de la thèse du Dr Hatem Khanchouche (2) qui a réalisé, fin 2019 début 2020, des entretiens semi-directifs avec des généralistes âgés en moyenne de 39 ans. Résultat : les médecins mettent en avant un certain manque de confiance dans la parole des patients puisqu’ils ne peuvent pas s’appuyer sur un examen clinique. La question du risque de surconsommation des soins est aussi évoquée (médecine de confort voire d’exigence), tout comme celle de l’inégalité de l’accès aux soins (difficulté de maîtrise des outils informatiques) et les risques de rupture du secret médical (par la présence de tiers, voire l’enregistrement des conversations). Néanmoins, les praticiens évoquent la possibilité d’une activité croissante à distance car ils estiment qu’elle permet, dans 70 % des cas analysés pour la thèse (généralement peu graves), de répondre à une demande des patients.

Autre son de cloche avec le travail de la Dr Anne Darrason (3) qui s’est limité à la période du premier confinement décisive dans l’appropriation par les médecins toutes générations confondues de la téléconsultation. Les réticences au sujet des interactions médecins-patients à distance semblent avoir été rapidement balayées en particulier pour des motifs de recours particuliers tels que les probables infections SARS-CoV-2, les arrêts de travail ou le suivi de l’état psychologique.

En fin de confinement, la plupart des médecins ont admis que la téléconsultation allait faire partie intégrante de leur future activité et qu’elle aurait une place grandissante dans les déserts médicaux ou pour le suivi des personnes âgées à domicile (accompagnées d’un tiers ou d’un infirmier).

Une formation dédiée

Pour répondre au besoin de formation propre à la téléconsultation, le département de médecine générale de l’Université de Paris Sorbonne a proposé en 2022 la mise en place de modules spécifiques. Pour ce faire, comme l’explique le Dr Gilles Lazimi au Quotidien du Médecin, « un support sous forme de films a été réalisé avec la participation d’internes. Quatre situations traitées sur le mode humoristique ont été détaillées afin de permettre de discuter de l’outil de téléconsultation, de son utilisation, des problématiques engendrées, des incongruités et des limites de ce mode de consultations ». Les séances de projection de ces films ont permis d’aborder les spécificités d’une relation à distance qui, pour le Dr Lazimi, ne doit être privilégiée que lorsque le patient est connu du médecin consultant. Ces formations répondent à une demande des étudiants mais aussi à une évolution des relations soignants-patients, la téléconsultation ne remplaçant pas pour autant le contact direct et l’examen clinique.

Néanmoins, le Dr Lazimi reconnaît que l’outil informatique peut être utile dans certaines situations telles que le suivi d’une pathologie aiguë à risque d’aggravation, la transmission d’examens complémentaires ou le soutien psychologique.

(1) https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications-communique-de-pres…
(2) Khanchouche H. Téléconsultation en médecine générale : le ressenti des médecins. Thèse Marseille avril 2020
(3) Darrason A. Description de l’activité de téléconsultation des médecins généralistes durant le premier confinement lié à l’épidémie de COVID-19. Thèse Nice avril 2022

Dr Isabelle Catala

Source : Le Quotidien du médecin