Dans les années 2000-2010 – et pour améliorer la formation des jeunes et moins jeunes médecins – les laboratoires de simulation ont fleuri aux États-Unis d’abord, puis dans tous les pays industrialisés. L’idée était de répondre à une demande pédagogique généralisée centrée sur une maxime : « Jamais la première fois sur un patient ».
Le terme simulation en santé correspond à l’utilisation d’un matériel (comme un mannequin ou un simulateur procédural), de la réalité virtuelle ou d’un patient standardisé pour reproduire des situations ou des environnements de soin. Le but est d’enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et de répéter des processus, des concepts médicaux ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels. Les mannequins de simulation et les scenarii proposés ont permis à des soignants d’apprendre des gestes techniques ou des réponses à des situations pratiques sans jamais faire courir un risque de mauvaise prise en charge ou d’évènement indésirables graves.
La Haute Autorité de santé (HAS) s’est prononcée en 2012 (1) sur l’intérêt de cette méthode d’apprentissage dans le développement professionnel continu (DPC) et la prévention des risques associés aux soins. « Désormais, la simulation est intégrée dans le cercle d’apprentissage expérimental : connaissance, gestes, algorithmes, simulation et, in fine, patient », analyse pour le Quotidien du Médecin la Dr Sabrina Measso, responsable de l’enseignement des urgentistes par simulation au CH André Mignot, le Chesnay (78). Elle précise : « La simulation n’est pas un jeu, elle participe à l’apprentissage du savoir-faire et surtout du savoir-être. Elle permet d’améliorer les relations médecins patients par la mise en situation préalable des soignants : ils sont plus confiants, transmettent moins de stress, les patients ne se sentent pas utilisés comme des « cobayes » En pratique, au moment du débriefing les formateurs analysent autant les gestes que les paroles prononcées, ce qui permet d’insister sur la nécessité de dialogue lors de la prise en charge ».
Des hologrammes en réalité mixte
De plus en plus – et c’est le cas pour les examens cliniques objectifs et structurés (ECOS), nouvelles épreuves pratiques des ECNi – le recours à des tiers jouant le rôle de patients s’était généralisé dans le but d’améliorer la relation médecins patients. Mais la pandémie de Covid a mis un frein aux possibilités d’interactions directes, qui par ailleurs sont particulièrement coûteuses en disponibilité humaine et matérielle. HoloScenarios, développé en collaboration avec la société GigXR, a proposé une nouvelle approche qui permet d’interagir avec un patient en toute sécurité sanitaire. Elle est fondée sur la technique des hologrammes en réalité mixte, fusion entre un environnement réel et virtuel où les objets et personnes physiques et numériques existent et interagissent en temps réel.
Les étudiants en médecine d'Addenbrooke, centre hospitalier universitaire de Cambridge (2), ont été les premiers à chausser leur casque de réalité virtuelle afin d’interagir avec le patient « hologramme », de poser un diagnostic et d’effectuer un choix de traitement. Les formateurs présents dans la salle de consultation pouvaient modifier le scénario, les réponses du patient et introduire des complications.
Le premier module développé par GigXR porte sur les affections et les urgences respiratoires courantes. Le patient « hologramme » souffre d'asthme, d'anaphylaxie, d'embolie pulmonaire ou de pneumonie. D'autres modules en cardiologie et en neurologie sont en cours de développement.
Des modules qui pourraient être disponibles partout
L'intérêt de cette technologie réside également dans le fait qu'elle pourrait être disponible à peu près partout dans le monde à condition d’être équipé d'un casque de réalité virtuelle connecté à Internet. Un gage pour une meilleure formation dans les pays sans ressources expertes sur place. Reste encore à développer des logiciels d’interactions techniques et non verbales, ce qui devrait être possible assez rapidement. Mais pour la Dr Measso, « la simulation permet aussi de mettre en lumière le facteur humain, l’interaction et la communication entre les différents membres de l’équipe. Si les hologrammes peuvent sembler attractifs pour un seul soignant, il est nécessaire d’évaluer leur impact dans une équipe ».
(1) https://www.has-sante.fr/upload/docs/application/pdf/2012-01/simulation…
(2) https://www.cuh.nhs.uk/news/world-first-in-hologram-patients/
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