Après quatre semaines de négociations au Ségur de la santé, les praticiens hospitaliers (PH) veulent des chiffres, et vite, et récusent par avance les « demi-mesures ».
Dans un communiqué commun, trois syndicats de praticiens hospitaliers et hospitalo-universitaires (Action praticiens hôpital – APH – l'Intersyndicat national des PH – INPH – et Jeunes Médecins) expriment leur impatience et demandent au gouvernement « des mesures fortes afin de restaurer l'attractivité des carrières médicales, pharmaceutiques et odontologiques à l'hôpital ». Alors que les organisateurs de cette concertation ont promis des premières annonces chiffrées ce mardi 23 juin, les trois structures intensifient la pression sur l'exécutif en avançant leur cahier de doléances détaillées.
Grilles, primes, temps de travail…
Pour les PH d'abord, ils demandent un « salaire de 5 000 euros net en début de carrière » et 10 000 euros net en fin de carrière, « hors primes et indemnités ». Ces revalorisations doivent entrer en vigueur de « façon immédiate ». Aujourd'hui, le premier échelon de la grille salariale se situe à 4 130 euros brut mensuels et le dernier à 7 500 euros brut mensuels (hors primes et indemnités).
Pour fidéliser les PH dans le secteur public, les syndicats réclament la revalorisation de l'indemnité d'engagement de service public exclusif (IESPE) à « 1 000 euros net » (490,41 euros brut aujourd'hui) pour tous les statuts quelle que soit l'ancienneté. L'indemnité de garde doit être revalorisée à « 650 euros net » (473 euros brut aujourd'hui) et l'indemnité d'astreinte à « 100 euros net » (42 euros brut à ce jour).
Concernant le temps de travail additionnel au-delà des obligations de services, il « doit être rémunéré à hauteur de 50 % de plus que le travail de jour », exige le trio syndical.
Complémentaire santé abondée par l'employeur
Autre revendication : donner la possibilité aux médecins d'exercer de droit « des valences d'enseignement, de recherche, de management à hauteur de 20 % du temps de travail » et « rémunérées à hauteur de 20 % du salaire de base ». APH, l'INPH et Jeunes Médecins réclament la mise à disposition par l'employeur d'une complémentaire santé « adaptée au statut » et « déductible des impôts ».
Pour les hospitalo-universitaires, les trois syndicats font également des propositions. Côté salaires, ils demandent une fusion des grilles MCU-PH et PU-PH « sur la base de celle des PU-PH revalorisée de 30 % ». Ils exigent aussi le maintien des revenus en cas de changement de statut (de PH vers MCU-PH ou PU-PH) ainsi que le calcul de la retraite sur « l'ensemble des émoluments à la fois hospitaliers et universitaires ».
Enfin, la revalorisation devra bénéficier aussi aux contractuels avec une hausse générale de « 30 % de l'enemble des grilles salariales ».
Le CIH et les patrons de CME aussi...
Le même jour, le collectif inter-hôpitaux (CIH) a exprimé son impatience quant aux décisions censées découler du Ségur. « Le CIH ne demande pas un moment de communication mais des décisions », a-t-il mis en garde. Le collectif, en partie à l'origine de la journée de mobilisation du 16 juin, réclame toujours en urgence une « augmentation de 300 euros net mensuels pour tous les bas salaires hospitaliers » et l'arrêt des fermetures de lits. La semaine de négociations qui s'ouvre doit être « celle de la présentation de propositions concrètes et chiffrées pour l’hôpital public laissant une place au débat contradictoire », prévient le CIH.
« Un choc d’attractivité et de fidélisation doit enfin voir le jour et non par de simples mesurettes au fil de l’eau comme ces dernières années », a alerté à son tour ce lundi la Conférence nationale des présidents de CME de centre hospitalier. L'organisation présidée par le Dr Thierry Godeau attend« une véritable reconnaissance financière immédiate » des praticiens comme des paramédicaux après « une décennie d’efforts et de contraintes ».
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