La clinique Pasteur de Royan a décidé la fermeture de sa maternité au 31 décembre 2014, faute d’avoir trouvé un successeur au Dr Jean Abboud, en cessation d’activité depuis le 1er août. Jusqu’à la fin de l’année, la continuité des soins sera assurée par le Dr Catherine Guillet (et des remplaçants), désormais seule obstétricienne en exercice dans ce bassin de vie de 85 000 habitants. La maternité assure 620 accouchements par an.
Pour compenser la fermeture de ce service, le centre hospitalier de Royan ouvrira un centre périnatal de proximité à partir de janvier 2015. Des sages-femmes et des gynécologues de Saintes et Rochefort, villes à 30/40 minutes de voiture, y assureront des permanences sous la forme de consultations de suivi de grossesse, « de sorte que les futures mamans […] n’aient à se déplacer à Saintes et à Rochefort que pour leur accouchement », indique la clinique dans un communiqué. En parallèle, une plateforme téléphonique va être mise en place pour informer les parturientes des choix qui s’offrent à elles.
Un départ « élément de rupture »
L’établissement rappelle que « d’importants moyens » ont été mis en œuvre pour recruter de nouveaux médecins : appel à deux cabinets de recrutement, publicité dans la presse spécialisée, envoi de 800 plaquettes aux hôpitaux, etc. Sans succès.
De son côté, l’agence régionale de santé (ARS) Poitou-Charentes précise avoir compensé le manque à gagner de la maternité, en déficit, à hauteur de « 300 000 euros par an depuis trois ou quatre ans ».
« Le départ du Dr Abboud a été l’élément de rupture, explique au « Quotidien » François Maury, directeur général de l’agence. Nous avons cherché pendant des années des spécialistes pour compléter l’offre de soins royannaise. En vain. Les lourdes conditions de travail, le risque médico-légal important et la rémunération à l’acte peuvent expliquer nos difficultés. »
François Maury assure que la prise en charge des parturientes sera assurée par « un recours exceptionnel à l’hélicoptère, les transporteurs sanitaires et la réponse libérale des sages-femmes sur le terrain ». Rochefort est en train de recruter deux praticiens supplémentaires pour renforcer son effectif.
Pénurie
La fermeture de la maternité de la clinique Pasteur a jeté un froid local, que ce soit dans les instances politiques ou dans la communauté médicale.
Pneumologue et conseiller municipal, le Dr Pierre Papeix ne cache pas sa « tristesse » au « Quotidien ». « L’hôpital de Royan était déjà une coquille vide, sans chirurgie, ni maternité, ni pédiatrie. Hormis la gériatrie, Royan n’est plus en mesure d’offrir une offre médicale de spécialité. C’est tout à fait regrettable ». L’élu compte réclamer un sursis, lors du prochain conseil municipal, afin de repousser de six mois la fermeture de la maternité privée, « le temps de trouver une solution ».
Le Dr Guillet, qui exerce également en cabinet de ville, dit « regretter » la fermeture de la maternité. « Il y a 25 ans, nous étions sept spécialistes à Royan. Aujourd’hui, je suis seule. C’est dramatique », témoigne-t-elle.
Le médecin estime que la fermeture de son service ne découle pas d’une pénurie médicale, mais d’une « volonté de la part de l’établissement de fermer la maternité ». « Ils ont rencontré une dizaine de gynécologues-obstétriciens, mais aucun n’a fait l’affaire à leurs yeux », déplore le Dr Guillet.
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