Rapprocher la maison de retraite de l’hôpital psychiatrique pour éviter les hospitalisations inutiles de personnes âgées : c’est la politique que souhaitent mettre en œuvre deux établissements des Pyrénées-Orientales, qui pourrait faire tâche d’huile.
À Thuir, une ville de 7 000 habitants à 15 km au sud-ouest de Perpignan, le centre hospitalier spécialisé (CHS) Léon-Jean Grégory et l’EHPAD public Simon-Violet Père sont désormais voisins. Depuis quelques semaines, au sein de 32 hectares de verdure, seuls 200 mètres séparent les locaux respectifs de ces structures. « Elles sont reliées par une route mais demeurent séparées physiquement et seuls les personnels soignants ont un badge d’accès permettant de pénétrer dans les établissements », précise Philippe Banyols, qui, particularité locale, cumule les fonctions de directeur de l’EHPAD et du CHS.
Synergies
Le rapprochement territorial des deux établissements répond à un double objectif : « D’un point de vue médical, il s’agit pour nous d’éviter d’hospitaliser en psychiatrie des patients âgés qui n’auraient rien à y faire », explique le Dr René-Louis Fayaud, psychiatre et président de la CME. D’un point de vue économique, « il s’agit de développer des partenariats et des synergies permettant de préserver l’emploi public », complète Philippe Banyols.
Pour parvenir à ces objectifs, les établissements et leurs médecins sont contraints à l’inventivité. Les cuisines (pas les restaurants) des deux établissements sont désormais communes. Géré par un groupement d’intérêt public (GIP), le dispositif a vocation à intégrer, afin de mutualiser les coûts, d’autres communes qui souhaitent livrer des repas à domicile pour les personnes isolées.
De même, la pharmacopée de l’hôpital (qui compte 1 200 salariés dont 70 médecins) est depuis peu mutualisée, au travers d’un GCS, avec dix établissements publics et médico-sociaux associatifs du département. « Cela a supposé un engagement très fort du chef de service pharmacie et des équipes informatiques, mais si on ne fait pas ce GCS, la pharmacie de Thuir était morte », convient le directeur.
Équipe mobile
Afin de prévenir les hospitalisations, les médecins psychiatres de Thuir ont créé, dès 2007, une équipe gérontopsychiatrique mobile qui se déplace dans les EHPAD, auprès des familles mais aussi des médecins généralistes. Entre 2007 et 2012, leurs interventions ont permis de réduire de 61 % les hospitalisations de personnes âgées en psychiatrie. « Parfois nos confrères généralistes cherchent du "psychiatrique", là où il y a du somatique. Un meilleur dialogue nous permet de moins médicaliser les patients. Il faut évaluer les risques que présente le résident en EHPAD pour lui-même et les autres », souligne le Dr Fayaud.
Le Dr Olivier Bareil, médecin coordinateur au sein de l’EHPAD Simon-Violet Père (114 chambres individuelles), se dit satisfait de cette proximité géographique. « La collaboration avec l’équipe psychiatrique nous permet d’être plus à l’aise avec des patients souffrant de troubles psychotiques. » La maison de retraite de Thuir héberge entre 8 et 10 résidents issus du CHS. Pour autant insiste Philippe Banyols, « l’EHPAD n’est la maison de retraite de l’hôpital et n’a absolument pas vocation à le devenir. »
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