Le groupe suédois Capio a investi 100 millions d’euros pour construire une clinique flambant neuve en banlieue toulousaine. Son objectif ? Regrouper deux de ses quatre établissements toulousains, les cliniques du Parc et de Saint-Jean du Languedoc, et conforter sa place de premier groupe privé dans la région. Plus personne n’y croyait. Mais ce projet annoncé, puis repoussé, verra finalement le jour au sud-est de Toulouse, (à Quint-Fonsegrives) fin 2017. Il a été dévoilé il y a quelques jours ainsi que le nom du futur établissement : la Croix du Sud. D’une superficie de 33 000 m2, le bâtiment accueillera 175 lits de chirurgie et de médecine, 110 places en ambulatoire, une maternité avec un service de néonatologie et 30 blocs opératoires. « Notre objectif est de réaliser 70 % de l’activité en ambulatoire à la Croix du Sud. D’ailleurs, près de 40 % de la surface construite y sera consacrée, mais ce ne sera pas notre unique vocation, nous aurons aussi un plateau technique complet avec 42 lits dédiés entre autres à la réanimation, aux soins continus, et aux soins intensifs cardiaques », décrit Christophe Hammer, le directeur régional de CAPIO.
Médecins et patients rassemblés dans un collectif d’opposition
Du côté des commissions médicales (CME) des cliniques du Parc et de Saint-Jean du Languedoc, on se dit officiellement favorable au projet. En coulisses, l’unanimité est moins nette.
Un collectif d’opposition, constitué de généralistes, de patients et de médecins spécialistes de la clinique Saint-Exupéry, voisine de Saint-Jean du Languedoc, vient même de voir le jour. « Nous sommes un établissement spécialisé en néphrologie et urologie et travaillons en étroite collaboration avec Saint-Jean du Languedoc, son déménagement serait synonyme de disparition de tout un pan de l’offre médicale de proximité sur la rive droite », explique Jean-Louis Lacombe, néphrologue et directeur de Saint-Exupéry, partie prenante de ce collectif.
À la clinique Saint-Jean du Languedoc, le Dr Philippe Cuq, chirurgien, se veut plus mesuré : « Ce projet en soi est un beau projet, à condition de tenir compte de l’organisation actuelle. En effet, Saint-Jean et Saint-Exupéry fonctionnent en parfaite complémentarité depuis 40 ans, en particulier dans la prise en charge des patients polypathologiques. En déménageant à Quint-Fonsegrives cela ne sera plus possible. »
Les radiologues de la clinique du Parc s’inquiètent à l’instar du Dr Christian Quesnel. « Objectivement, le projet Capio est un beau projet et investir 100 millions d’euros dans le contexte économique actuel est courageux, mais attention, prévient le médecin. Pour nous, il n’est pas question de quitter la clinique du Parc et notre clientèle de centre-ville. Nous souhaitons conserver sur place un centre d’imagerie et de consultation. » Les huit radiologues du Parc qui revendiquent la plus grosse activité d’imagerie en coupe de Midi-Pyrénées (18 000 IRM par an et 20 000 scanners) sont aussi indépendants, titulaires des autorisations et propriétaires de leurs machines… Ils ont donc la main pour négocier.
Christophe Hammer se dit un peu surpris par la constitution de ce collectif d’opposants et tout à fait ouvert à la discussion… « Notre projet prévoit bien de conserver une activité de radiologie et une maison médicale en centre-ville », assure le directeur régional de Capio. À condition bien sûr de s’entendre sur la répartition des machines, entre la nouvelle clinique et l’antenne du centre-ville.
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