L'étude française SAFE 21 (AP-HP/Université Paris-Descartes) remet en cause l'idée selon laquelle le recours au dépistage prénatal non invasif (DPNI) dans le cadre du dépistage de la trisomie 21 réduirait le risque de fausse couche par rapport au recours à l'amniocentèse. En effet, selon les résultats publiés dans le « JAMA », le taux de fausse couche est identique selon que les femmes aient eu recours à l'un ou l'autre des examens.
Selon les auteurs, il s'agit du premier essai randomisé à comparer les deux approches. « Les tests sanguins analysant l'ADN fœtal circulant (DPNI) ont fait l'objet d'une acceptation rapide en raison de l'argument principal de leur sécurité, avec la diminution du risque de fausse couche comme bénéfice supposé. Notre étude montre qu'il s'agit d'une idée non démontrée », indique au « Quotidien » le Pr Laurent Salomon, coordinateur de l'étude cosignée avec le Dr Valérie Malan (hôpital Necker-Enfants malades, AP-HP et université Paris-Descartes).
0,8 % de fausse couche dans les deux groupes
Cette étude multicentrique a inclus 2 051 femmes enceintes ayant un risque élevé d'avoir un enfant atteint de trisomie 21 (risque évalué par le dépistage combiné basé sur l'âge de la mère, la clarté nucale et le dosage de marqueurs sériques). Elles ont été réparties aléatoirement en deux groupes : 1 017 ont eu une amniocentèse ou choriocentèse pour la réalisation du caryotype fœtal et les 1 034 autres ont eu une prise de sang, suivi, en cas de test positif, d'une amniocentèse ou d'une choriocentèse afin de confirmer le diagnostic (en raison du risque de faux positif).
Le taux de fausse couche avant la 24e semaine de grossesse (critère principal de l'étude) n'a pas montré de différence entre les deux groupes (0,8 %). « L'amniocentèse ne présente donc pas de surrisque de fausse couche dans notre étude », souligne le Pr Salomon.
Le test ADN ne détecte pas toutes les anomalies
Si le test ADN présente l'intérêt de limiter le recours à une intervention invasive, qui peut entraîner de manières exceptionnelles de graves complications (septicémie…), il ne permet pas de détecter autant d'anomalies chromosomiques que l'amniocentèse. En effet, il permet uniquement de détecter les trisomies 21, 18 et 13.
Sans remettre en question les bénéfices du test sanguin, « fiable, simple à réaliser et non invasif », le Pr Salomon estime que « l'étude SAFE 21 doit faire modifier le discours à délivrer aux femmes afin qu'elles puissent décider en connaissance de cause ». Il ajoute : « Le choix des femmes dépend de l'information délivrée par le médecin. »
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