DE NOTRE CORRESPONDANTE
ON ESTIME à 5 000 le nombre d’adolescents touchés par des troubles des conduites alimentaires dans le Nord-Pas-de-Calais. Jusqu’ici l’hospitalisation était le seul recours pour traiter les cas sévères. Mais ce mode de prise en charge avait l’inconvénient de rompre les liens familiaux et sociaux du patient. Depuis septembre, les psychiatres disposent d’une alternative à l’hospitalisation traditionnelle. Le CHRU de Lille vient en effet d’ouvrir une nouvelle unité de 10 lits à l’hôpital Calmette destinée à accueillir ces jeunes.
« L’hôpital de jour est destiné à soutenir la motivation personnelle des malades, explique le Dr Jean Vignau, responsable de l’unité. La phase de reprise de poids induit des syndromes pénibles comme des œdèmes, des périodes de déprime. Il est essentiel de soutenir les jeunes pour renforcer leur motivation personnelle et alléger leurs souffrances. »
Outre les séances de psychothérapie, l’équipe propose des massages, des ateliers d’art-thérapie et une activité physique adaptée. « Dès que la courbe de poids remonte, les patientes peuvent reprendre une activité physique comme le badminton ou la gymnastique, même avec un poids très faible, souligne le Dr Vignau. Cela leur permet de se remuscler, et surtout de se sentir bien dans leur corps. »
Le repas est un moment privilégié dans la journée. Les jeunes peuvent choisir d’aller déjeuner à la cantine du personnel, avec l’équipe soignante, ou de participer à l’atelier cuisine. Une troisième formule, « l’auberge espagnole », leur permet d’apporter de la maison des aliments qu’elles aiment. Un moyen « d’ancrer le repas dans la vie réelle », souligne l’addictologue.
Guidance parentale.
Autre caractéristique du service lillois : la place importante laissée aux familles. Après avoir longtemps considéré les parents – en particulier les mères – comme la source des troubles de conduites alimentaires de leurs filles, les psychiatres les considèrent aujourd’hui comme des alliés potentiels et les associent à la prise en charge.
« Les familles sont en grande souffrance. Elles ne retrouvent plus leur fille qui est l’ombre d’elle-même et a perdu toute joie de vivre. Bien souvent, elles se sont aussi enfermées dans des modes de fonctionnement intenables pour s’adapter à la maladie de leur fille : complètement impuissantes face à ces troubles qui envahissent toute la sphère familiale, elles acceptent de laisser filer des principes auxquels elles étaient pourtant attachées. Notre rôle est de redonner aux parents de la motivation et de l’énergie pour qu’ils reprennent leurs compétences. Cela passe par beaucoup d’écoute et de la guidance parentale, afin de faire évoluer le fonctionnement familial. »
Afin d’associer plus fortement les familles, l’équipe envisage de mettre en place des thérapies multifamiliales, une technique expérimentée avec succès en Belgique. Plusieurs familles sont réunies durant cinq jours pour un partage d’expérience. Elles mangent ensemble et participent collectivement à des ateliers thérapeutiques. « C’est très intensif, et cela permet d’ouvrir des portes. Au sein du groupe, certains comportements sont valorisés, d’autres non. Petit à petit, une norme se forme qui peut aider les parents à reprendre l’initiative », explique Jean Vignau qui espère mettre en place à Lille ces groupes multifamiliaux.
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