C'est un énième signal d'alarme sur la dégradation de la situation à la porte des hôpitaux : l’hôpital toulousain n’assurait dans la nuit de lundi à mardi que la prise en charge des « urgences vitales », en raison d'une grève « massive » et coordonnée des soignants au service des urgences adultes, obligeant le CHU à activer son plan blanc.
À l’approche d’un été qui s'annonce périlleux dans de nombreux hôpitaux, la situation s'est tendue entre la direction et les délégués syndicaux du CHU toulousain. La semaine dernière déjà, en plein week-end prolongé, les urgences adultes du CHU avaient dû se résoudre – suite à un préavis de grève massif – à une fermeture partielle et à n’assurer que la prise en charge des urgences vitales du lundi 6 juin, 12h, au mardi 7 juin, à 7 h du matin.
400 patients par jour
Après un bref retour à la normale, la direction de l’établissement a activé son plan blanc pour les mêmes raisons. L’hôpital accueille plus de 50 % de l’activité des urgences de la métropole toulousaine et les deux tiers des urgences régulées par le Samu, soit une file active de 400 patients par jour (250 à Purpan et 150 à Rangueil). « Le CHU est contraint d’adapter l’activité des urgences et de ses services médicaux et chirurgicaux pour assurer la sécurité des patients », a expliqué l’établissement.
Depuis lundi 13 juin, 18 h, les urgences adultes de l’hôpital Purpan n'ont donc accueilli que les urgences vitales adressées par le SAMU et celles qui nécessitent un plateau. Les autres patients ont été orientés vers d’autres établissements ou cabinets (cliniques, maison médicale de garde la plus proche ou médecin traitant).
De fait, le mouvement avait gagné en début de semaine la quasi-totalité des effectifs paramédicaux qui se sont déclarés grévistes (27 des 29 infirmiers comme 16 des 18 aides-soignants, selon la CGT). « Les urgences non vitales sont triées, nous nous sommes organisés avec les chefs de pôle des spécialités, notamment la biologie et la radiologie, pour fluidifier l’aval et afin que les patients restent le moins longtemps possible aux urgences », décrivait hier lundi la Dr Béatrice Riu-Poulenc, réanimatrice, vice-présidente de la CME et présidente de la commission des hospitalisations non programmées au CHU. « On a renforcé l’équipe médicale et le service déchocage est disponible pour les urgences vitales, explique-t-elle. Il n’y a pas de mise en danger des patients. » Ce mardi, les urgences sur les deux sites, de Purpan et de Rangueil, ont rouvert en temps et en heure.
Intenable
La Pr Sandrine Charpentier, chef de pôle et chef de service des urgences au CHU de Toulouse, déplore néanmoins une forme d'escalade. « Si le plan blanc a été déclenché, c’est parce que, parmi le personnel paramédical, seuls trois soignants sur treize ont répondu aux assignations, souligne-t-elle. Je le regrette car, en tant que service public, nous nous devons de sécuriser l’offre de soins et d’accueillir les patients dans les meilleures conditions possibles. » C'est dans ce contexte que le CHU indique même avoir rappelé des infirmières extérieures dont de jeunes retraitées en renfort.
De leur côté, les grévistes dénoncent une situation devenue intenable. « Nos revendications sont les mêmes depuis trois ans, nous voulons des embauches car la sécurité des patients n’est plus assurée aux urgences du CHU, assure Pauline Salingue, déléguée CGT. Il y a eu des morts en raison de ce manque de moyens et il y en aura d’autres… En tant que grévistes, nous n’en sommes aucunement responsables. Au contraire, nous alertons sur cette situation. »
Des embauches d'abord
Les délégués syndicaux réclament 40 embauches pour les urgences adultes – dont 18 ETP aides-soignants et 22 ETP infirmiers – et agitent la menace de nouvelles journées de grève, à défaut d'être entendus. « La direction évoque trois infirmiers et trois aides-soignants supplémentaires. C’est loin du compte », précise Pauline Salingue (CGT).
« Bien sûr, si on nous donne des postes supplémentaires, on les prendra, parce que la pénibilité n’est pas une fatalité, recadre la Pr Charpentier. Néanmoins, aux urgences de Toulouse, nous ne sommes pas les plus mal lotis en termes d’effectifs et, contrairement à ce que l’on a pu entendre, il n’y a jamais eu de morts ici par manque de moyens. Nous sommes confrontés comme ailleurs à des pics d’activité, auxquels nous savons faire face. »
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