Le Dr Mathias Wargon n’est à l’évidence pas un adepte de la langue de bois. « Il y a une grande hypocrisie et pas mal de non-dits autour de la question du temps de travail aux urgences. Aujourd’hui, l’immense majorité des services n’ont pas suffisamment de médecins pour appliquer la réglementation qui prévoit un temps de travail maximal de 48 heures par semaine, dont 39h de travail posté », explique le chef du service Urgences/Smur de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis.
Selon le Dr Wargon, il existe d’abord un certain flou sur cette durée maximale hebdomadaire. « Les textes ne sont pas très clairs. On ne sait pas si c’est 44 heures ou 48h. Ensuite, selon les services, il y a une divergence sur le travail posté. Certains estiment par exemple que le temps de transmission est du temps non posté. Ce n’est pas mon avis. La transmission, c’est parler des patients en cours et pour moi, c’est du travail posté », indique-t-il, en ajoutant que l’organisation du temps de travail est complexe. « L’objectif est de ne plus faire de journées de 24 heures mais plutôt par exemple, comme chez moi, des journées de 10h et des gardes de 14 h. Mais cette organisation n’est pas toujours simple pour des médecins qui viennent de loin ou qui sont à temps partiel ».
Une solution pourrait être le recours à 3x8. « C’est plus physiologique, moins fatigant et cela permet une vie de famille. Mais cela suppose d’avoir davantage de médecins et surtout que ces derniers acceptent de venir plus souvent à l’hôpital. Or, ils ne viennent que deux fois par semaine quand ils font deux fois 24h », souligne le Dr Wargon. « En fait, on est face à une équation impossible. On est obligé de rester ouvert 24 sur 24 avec une législation à 48 h hebdomadaire. Et c’est impossible sans avoir un plus grand nombre de médecins ou sans avoir recours à l’intérim. Le développement très important de l’intérim a bouleversé la loi de l’offre et de la demande. On voit aujourd’hui des médecins qui exigent d’être à 39h maxi ou qui se mettent même à temps partiel pour aller faire de l’intérim dans le privé ».
Une autre solution pour les hôpitaux est de payer les heures supplémentaires. « Mais quand cela est payé en temps additionnel, cela ne représente pas grand-chose. Alors pour garder leurs médecins, certaines directions payent les heures sup en intérim. C’est illégal, personne n’ira s’en vanter. Mais cela se développe », indique le Dr Wargon.
D’après un entretien avec le Dr Mathias Wargon, chef du service Urgences/Smur de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis.
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