Lundi 19 novembre, le ministre de l’Intérieur fait un lien entre le décès d’une femme de 85 ans et les blocages routiers des gilets jaunes qui durent depuis deux jours. « Un véhicule du SAMU a été empêché d’intervenir » sur cette patiente victime d’un arrêt cardiaque à Montbron dans la région d’Angoulême. « 50 minutes pour faire 30 kilomètres, la personne est décédée. C’est cela aussi la réalité », s’est ému Christophe Castaner lors d’un point presse. Dès le lendemain, les participants du mouvement des gilets jaunes contestaient cette version des faits accusant le ministre d’instrumentaliser un drame.
Il n’empêche, les services d’urgence ont été mis à rude épreuve au cours des derniers jours par les manifestations des contestataires, dont la principale revendication est l’annulation des hausses du prix des carburants. Mercredi, « La Charente Libre » évoquait le cas d’une ambulance de garde du SAMU bloquée dans un bouchon pendant près de douze heures dans la nuit.
Le SAMU confirme des retards d'intervention
« Je n’ai pas eu connaissance d’affaire dramatique, relativise le Dr François Braun, président de SAMU-Urgences de France. Dans l'affaire de Montbron, le SMUR a mis beaucoup plus de temps pour arriver mais ce qui devait être fait a été fait par les services d'urgence locaux. Ceci dit, tous les gens à qui j’ai parlé font état de grandes difficultés pour se déplacer. Cela retarde les interventions, c’est certain ! »
Pour le médecin, ce mouvement des Gilets jaunes pose des problèmes spécifiques : « Les blocages ne sont pas signalés, ils sont parfois itinérants, donc les équipes ne peuvent pas anticiper en changeant leurs itinéraires. Quand on doit faire face à des manifestations organisées, on est prévenu par la préfecture, on sait où ça va être bloqué et on évite. Là c’est un peu plus compliqué. » Les manifestants sont pourtant de bonne volonté, explique le Dr Braun. « Personne ne m’a signalé avoir été retenu sur un barrage », affirme-t-il.
Dans son, édition en ligne, « La Nouvelle République » évoque d’ailleurs les précautions prises par les Gilets jaunes pour laisser passer les services d’urgence et les personnels de santé.
Pare-brise abîmé, rétroviseur cassé, un médecin pris à partie
Tout le monde n’a pas eu cette chance. Samedi 17 novembre, un médecin urgentiste affirme avoir été pris à partie par des gilets jaunes devant un barrage alors qu’il se rendait à l’hôpital de Tours pour prendre son service. « Malgré le Caducée, on ma dit ‘’ Mais pour qui il se prend celui-là ‘’, alors que je roulais plus que au pas », raconte le praticien à France bleue. Il s’en sortira avec un pare-brise abîmé et un rétroviseur cassé.
Plusieurs soignants ont aussi évoqué les désagréments causés par des manifestations désordonnées. Sur Twitter, un interne, régulateur au 15, raconte que le service « croule sous les appels de gens qui ne peuvent pas se rendre chez leur médecin ou aux urgences ». Un autre internaute raconte la détresse de sa femme, en larmes au téléphone, bloquée par les Gilets jaunes après une garde difficile au cours de laquelle elle a soigné des malades toute la nuit. « Dégoût », conclut-il dans son tweet.
Je suis en régul au centre 15. C'est la merde à cause des blocages. On croule sous les appels de gens qui ne peuvent pas se rendre chez leur médecin où aux urgences. On envoi des ambulances à des gens valides parce que c'est le seul moyen de se déplacer.
— Thomas (@Thomas_LyonEst) 17 novembre 2018
Ma femme au bord des larmes au téléphone, qui sort d'une garde difficile en périph, et qui veut juste rentrer dormir après avoir soigné des gens toute la nuit, bloquée par les #giletsjaunes qui lui disent de se faire héberger dans une autre ville car elle ne passera pas. #dégout
— Montagne (@Mathrandyl) 17 novembre 2018
Padhue : Yannick Neuder promet de transformer les EVC en deux temps
À Niort, l’hôpital soigne aussi les maux de la planète
Embolie aux urgences psychiatriques : et maintenant, que fait-on ?
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne